Restaurant des secrets

- Bonjour Alyne, vous arrivez de bon heure -

- Il le faut, surtout la première journée -

- J’espère que vous resterez ponctuelle par la suite -

- Je prends mon travail au sérieux -

- J’aime bien entendre ça.

Vous l’avez bien vu lors de notre première rencontre. Le local n’est pas trop grand, il faut faire le ménage le matin et essayer de tenir tout propre. La clientèle n’est pas trop variée, des étudiants, des employés des bureaux à proximité. -

- Je connais ce genre d'environnement, presque toujours les mêmes gens. -

- à peu près-

Ce ne sera pas si compliqué de commencer une nouvelle vie ici. Le travail semble facile, pas beaucoup d’achalandage. Je me demande si on n’est pas sur le point de fermer.

Après ces pensées s’envolent vers cette vie qu’elle vient de fuir. Est-il en train de penser à elle ? Il l'avait promis tant de fois que maintenant était impossible de savoir si ces promesses étaient vraies ou si elles étaient dites dans la chaleur du moment.

- AAAALYYYYYYNNNNNNEEEE!!! -

Un cri l’a sorti rapidement de son univers parallèle

- Désolée, voulais vous me parler -

- Oui, n'avez-vous pas entendu que je vous appelais ? -

– J’étais concentré dans mon travail et… —

– Vous ne pouvez pas vous évader de cette façon, les clients entrent et sortent tout le temps, vous devez être en état d’« alerte » TOUT LE-TEMPS ! -

– Je comprends, ça n’arrivera à…. -

– Je m’attendais à quelqu’un avec de l’expérience —

– C’était juste une erreur. Ça n’arrivera plus. Promis. -

Il s’est contenté de la regarder d’une froideur glaciale

– Venez. Regardez ce jeune homme assis dans le coin. C’est l’un de nos habituels. -

– Pas pour longtemps —

– Expliquez-vous —

– Il a l’apparence d’un étudiant —

– Et voilà que l’expérience ressort ! Et alors —

– Alors, les étudiants sont des clients à court terme, ils partent une fois que ses études sont finies —

– Pas lui — il regarde le gars avec la tendresse d’un père — pas lui — répète-t-il

– J’aimerais une explication à ce que vous venez de dire —

– Il n’est pas comme les autres. Avec la quantité d’études qu’il a cumulée, ça fait longtemps qu’il pourrait être ailleurs comme PDG d’une grande compagnie –.

– Donc, il ne veut pas travailler, il veut continuer à tirer de l’argent à ses parents –

À nouveau le regard glacial qui se transforme en déception.

– Non, il est seul dans le monde. Son frère unique est mort. Depuis sa mort, il a commencé à faire des études, des recherches afin de trouver — il s’arrête brusquement.

– Laisse-moi deviner un médicament miraculeux pour guérir… de quelle maladie est mort son frère ? –

– Il réparait le toit de sa maison et il est tombé –

– Il était malade, la maladie a été découverte dans l’autopsie, et ses recherches sont orientées à… –

– Non, c’est une histoire liée à son enfance –

– Est-ce que je peux la connaître ? –

– Un jour, il se promenait avec son frère aîné. Du coup, ils ont vu comme un autochtone guérissait un autre qui venait de tomber du haut d’un arbre. Ce dernier se plaignait énormément et n’était pas capable de se mettre debout malgré ses multiples efforts. Une fois que l’autre est arrivé, il a mis sur lui des feuilles bizarres, a prononcé des mots inintelligibles et celui qui était tombé s’est levé et est parti, sans aucune trace de ce qui venait de se passer.

Comme tout enfant influençable, il a commencé à s’intéresser au monde des plantes et à leurs facultés de guérison, aux cultures ancestrales qui en faisaient l’usage. En grandissant, il a perdu l’intérêt à ce sujet, car il ne trouvait pas une application utile jusqu’à l’accident de son frère. –

– Il ne pouvait rien faire. C’était un accident –.

– Il a survécu à la chute, mais il a passé une longue période à l’hôpital, il n’est jamais revenu à la maison. –

– Un instant. Je suis perdue. Vous avez dit qu’il effectue des recherches pour trouver quelque chose… c’est quoi ce qu’il cherche au juste ? –

– Il cherche la vérité… –

– Vous me naissez ! La VÉRITÉ !!!! Il est fou ce gars ! –

– Pas exactement — continua-t-il — son frère n’est jamais revenu de l’hôpital. Il s’est dit que la médecine traditionnelle ne fonctionnait pas et que la solution était dans tout ce que la nature offrait, il a travaillé fort pour étudier, il a gagné des bourses. Rien n’était suffisant pour lui, il a toujours cherché la connaissance pour sauver des vies. Un jour quelqu’un lui a parlé d’un sage qui habitait dans une tribu pas trop connue dans l’Amazonie. Il fallait quelques jours de marche dans la forêt et quelques autres jours pour démontrer qu’il était digne de rencontrer le sage de la tribu. Il a entrepris le voyage… —

Un petit cri de surprise, Alyne pose une de ses mains sur sa bouche

– Regarde qui vient d’arriver. Wow ! C’est Sonya Kowalski. Je dois avoir quelques CD’s d’elle. J’adore l’écouter jouer –.

– Ne parle pas si haut. Son nom n’est plus Sonya Kowalski, elle se fait appeler Sylvia –.

– Je comprends, elle doit se cacher après d’avoir… –

– Rien de tout ce qui ont dit les médias n’est vrai. Ne parlez pas si tu ne connais pas la véritable histoire. Va prendre sa commande –.

– C’est une dame très gentille, pas du tout comme je l’avais imaginé. –

– Bien sûr, tu la connais pour ce qui a été publié. Je la connais depuis son enfance –.

– Et puis ? Qu’est-ce que je dois savoir ?

– Quand je l’ai connu elle était une fille douée, son rêve était de jouer au piano de passer sa vie à ne faire que ça. Elle avait l’habileté à faire ressortir, à tous ceux qui l’écoutaient, les sentiments les plus profonds de chaque mélodie qu’elle jouait. Au début, elle adaptait les pièces qu’elle jouait à son style. Finalement, elle a commencé à créer ses propres pièces.

Elle n’était pas trop sociable, sa famille n’acceptait pas sa passion. Ils voulaient la voir occuper un poste dans sa compagnie multinationale.

À cause de ses répétitions, elle avait toujours été solitaire, elle avait l’air d’une personne hautaine. Personne n’osait se rapprocher d’elle, sauf le gentil gars. Il avait découvert une personne fragile et sensible dont la seule manière de communiquer son monde intérieur était la musique. Lui, il l’écoutait tranquillement, l’accompagnait et petit à petit est réussi à gagner sa confiance. Elle a commencé à lui confier sa vie, ses batailles contre sa famille.

Les deux se sont imposés. Elle a réussi à jouer du piano, à participer à des récitals au niveau local. Sa famille a eu l’héritier qu’ils réclamaient. Deux enfants.

La vie est devenue belle soudainement. Elle n’avait jamais imaginé un bonheur si parfait. Toutefois la rutine lui est passée facture et elle ne se retrouvait plus. Ses enfants si chers pour elle ne la comprenaient pas. Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi ils ne sentaient pas la musique comme elle. La raison pour laquelle l’accompagner aux répétitions est devenue une obligation, ils ne voulaient rien entendre de cette sorte de musique. Ils avaient honte de dire que quelques-unes des compositions les plus célèbres avaient été écrites par elle, pour les trois êtres qui avaient mis fin à ses années de solitude. Elle se limitait à accepter et à laisser passer.

Elle a commencé à se présenter toute seule aux récitals. Un jour à la sortie. Elle a reçu une invitation pour aller dîner après sa présentation. L’invitation venait de la plus grande compagnie de musique. Ils voulaient une tournée avec elle comme musicienne principale.

La réponse de sa famille fut accablante

– tu devrais laisser tomber maman —

– Nous allons hériter de l’entreprise de grand-papa et tu n’auras pas à gagner ta vie d’une façon si bohème. Je ne comprends pas pourquoi dans ta position sociale, tes parents t’ont permis de continuer avec cette vie —.

Elle s’est retournée vers son cher Jean, car c’était la même discussion qu’ils avaient eue ça faisait longtemps avec ses parents. Maintenant, mot par mot, elle se répétait avec ses enfants.

– Je pense qu’ils ont raison. Sont tes enfants, ils ont besoin de toi. C’est l’heure que tu abandonnes tes rêves d’enfance et deviennes finalement une femme adulte. Tu peux continuer à nous amuser, mais c’est assez. –

Elle ne pouvait pas croire que ses paroles sortaient de la bouche de la personne dans laquelle elle avait confié, à qui elle avait raconté tous ses pensées et sentiments cachés.

On ne finit jamais de connaître les gens qui nous entourent. A-t-elle pensé.

Les jours sont passés et elle ne répondait pas aux appels, toutefois, elle entendait les messages que les différentes directives de la compagnie lui laissaient dans sa boîte vocale.

– Karl vous appelle, allez le voir –

– Vous n’avez pas fini avec son histoire de recherche de la vérité —

– Demandez-lui s’il a besoin d’une autre chose. Après nettoyez les tables autour de celle où sont assises la mère et la fille. Il y a toujours de conversations intéressantes entre ces deux –

– La fille doit avoir 7 ou 8 ans environ. Je ne crois pas que quelque chose d’intéressant peut sortir d’une petite fille de cet âge. –

– fais ce que je vous dis.

– Oui boss –

Elle s’empresse pour remplir ses obligations. Après tout, elle était toute nouvelle et la clientèle avait des histoires intrigantes. Elle allait finalement trouver une place où elle pourrait être à l’aise et en contrôle de sa vie.

Karl a demandé un verre de lait végétal et elle est passée à organiser et à nettoyer les tables près de la jeune famille qui bavardait déjà.

– Maman, voici ce que je fais pour mon papa, est-ce que tu penses qu’il sera de retour pour que je puisse le lui donner en personne ? –

Regarder ces yeux, plein d’amour, de tendresse et surtout d’espoir, c’était quelque chose qui la détruisait lentement.

– maman —

– Oui, mon trésor. Je ne sais pas quand est qu’il va revenir —

– Ohh —

– Ne t’inquiète pas, il va le recevoir de toute façon —

– Comme tous les autres — sa voix commençait à s’attrister

Un soupir. Combien de fois cette scène s’était-elle répétée dans le passé ? Combien d’autres devrait-elle vivre ?

Elle a observé le regard triste de sa fille.

– C’est un bon dessin. Qu’est-ce qu’il veut dire ? -

La fille sourit et met la feuille de papier entre sa mère et elle.

– ici c’est l’étoile où habite papa maintenant —

– L’étoile ? – Une expression de surprise —

– oui, maman, les étoiles, à l’école m’a dit que quand quelqu’un de cher pour nous part, il va habiter dans les étoiles —

– Je comprends, mais il n’est pas… —

– Je sais, tu m’as dit que s’il était mort nous ne recevions pas des preuves matérielles de son amour. Mais c’est la seule façon que j’ai trouvé pour pouvoir lui parler quand je veux — a répondu la fille déterminée.

– Est-ce que je peux savoir de quoi tu lui parles ? -

Avec un gros sourire, la fille commence :

– Je le remercie pour les cadeaux qu’il m’envoie, mais je lui dis que je vais les garder pour les utiliser avec lui, à son retour. Tu te souviens du château pour poupées que j’ai reçu ? Alors, il me faut un prince pour jouer. Tu ne peux pas jouer ce rôle parce que tu es déjà la reine du château. À son retour on va jouer tous les trois, tu seras la reine et moi la princesse et lui le prince —.

– Un moment, pourquoi lui donnes-tu le rang de prince ? Il est ton père, il doit être le roi — .

– Tu te trompes maman. Tu es reine parce que tu as gagné le titre, lui non. — une petite hésitation — ou au moins, je ne le sais pas. Il est le prince d’une étoile lointaine. Il va venir t’apporter le plus beau cadeau du monde, un qui n’a pas de prix. —

– Je ne peux pas imaginer de quelle sorte de cadeau pourra s’agir. Le sais-tu ? -

– Bien sûr -

Et la petite commence à prendre sa soupe. Sa mère la regarde sans pouvoir réagir, elle regarde le dessin. Combien d’idées il y a dans la tête de sa fille ! De belles pensées. Elle a fait un bon effort, être toute seule pour le travail, la maison et surtout pour sa fille. À travers toutes ces années, elle a réussi à construire un espace d’amour et de sécurité pour sa fille.

– Est-ce que tu ne veux pas me dire quel est le cadeau —

– Arrête maman tu le sais, tu attends le retour de papa seulement pour l’avoir —

Elle regarde la petite fille en train de manger. elle regarde le dessin

– Je vois ici qu’il y a une reine, c’est moi. N’est-ce pas ? -

– Oui, et la couronne est en or, la robe je l’ai peint en bleu parce qu’il n’y avait de la couleur rouge, ton préféré —

La mère sourit, mais elle n’a pas oublié son but.

– Je peux changer des couleurs de temps en temps, ce n’est pas grave. Ce bonhomme d’ici est ton père —.

– Oui, je ne connais pas ses préférences de couleurs, alors je l’ai mis orange —

– Parfait. J’imagine que tu t’es dessinée habillée en rose, juste ici —.

– Ouiiiii – dis la fille très fière d’elle-même

– De tout ça, j’ai un doute. À tantôt, tu m’as dit que le titre de reine ou roi, il faut le gagner. Tu m’as déjà le titre de reine que je ne vais pas contester. Ton père est un prince parce qu’il doit gagner le titre. Est-ce exact ?

– Oui – répondit la fille

– Et tu es une princesse. -

– Ouuuiiii ?? -

– Pourquoi une princesse et pas une reine ? -

Un soupir d’agacement s’échappe de la petite fille

– Ne te souviens pas toi, maman ? Une fois tu m’as dit que je devais être sage pour être comme toi ? -

– Alors, si tu es sage comme maman tu seras une reine. Est-ce que tu veux être une reine comme moi ? -

– Oui bien sûr !!! – Applaudis la fille.

– Alors, sois sage et décris-moi le cadeau que papa va m’apporter à son retour. -

La fille la regarde sans bien comprendre

– un sourire —

– UN SOURIRE ? — répète la mère

– Oui, un sourire qui ne pourra jamais décoller de ton visage. Je vois ce sourire si peu de fois. Seulement quand tu me parles de ta vie avec lui, de combien il m’aimait et les jeux qu’il inventait pour nous deux —.

– Je vois —

Un silence s’est installé entre les deux.

– Bien, voilà que ton transport vient d’arriver. Ce soir j’irai te chercher à l’école et on ira au parc. Est-ce que ça te va ?

– Le parc, oui j’adore y aller ! -

Une larme coule pour la joue de la jeune femme.

– C’est triste la vie de cette femme. Qu’est-ce qui est arrivé à son mari ? –

– Personne ne le sait. Un jour, il est parti avec la promesse de se rencontrer ici à midi. Jamais il n’est revenu. –

– La fille a mentionné… —

– Oui, je sais ce que la fille a mentionné. Les cadeaux et les notes sont expédiés d’un endroit inconnu, impossible de retracer. –

– Voyez comment Madame Kowa — elle s’aperçoit du regard du propriétaire — Pardon, Madame Sonya est en train de jouer au piano sur la table. Est-ce que ça lui manque de jouer face au grand public ? Les applaudissements, la reconnaissance ? –

– Non, elle n’est pas du tout comme tu l’imagines. Elle est un être sensible qui est tombé dans un piège. Les médias ont profité de l’occasion de faire tomber une idole et le reste tout le monde le sait. –

– Sa famille ? –

– Probablement qu’ils ont participé à la mise en scène, qui sait. –

– Alors, elle a perdu tous les avantages de la célébrité et de la vie qui aurait pu avoir s’elle avait continué avec l’entreprise. –

– Non la compagnie ne l’a pas laissé tomber. Certes, elle ne fait pas des récitals, mais elle continue à jouer et à sortir de la musique pour des films, des programmes radio. C’est toute une autre forme de se tenir en vie. Elle aussi donne des cours à des enfants qui n’ont pas les moyens de les payer. C’est une belle âme. –

– Allez la voir –

– Mais, elle n’a pas fait un seul geste –

Elle n’avait pas fini sa phrase quand la vielle madame l’a appelé.

– Bonjour Madame —

– Bonjour jeune fille, vous êtes nouvelle ici. Je vous souhaite bonne chance –.

– Merci, madame, voulez-vous que je prenne votre commande ? –

– Non, merci –

– Ils connaissent par cœur ma commande — ajoute la pianiste en observant le regard déconcerté de la servante.

– Je comprends, je reviens une fois que le tout sera prêt –

– Je ne m’en doute pas — dit Mme Louise avec un beau sourire.

– Avez-vous changé votre impression sur Sonya ? –

– Oui, elle est un être spécial –

– Est-ce que vous allez me raconter finalement l’histoire de Karl ? –

– Oui, c’est intéressant, bien que difficile à comprendre –

– Essayez –

Plusieurs journées de marche à travers la forêt, il est finalement arrivé au petit village de fortune ou habitait le sage. Il a dû faire du jeune quelques jours de plus afin d’être admissible.

– Tu n’as pas l’âme pure — conclut l’ancien d’un ton neutre.

Karl a pensé que sa recherche s’était rendue à la fin et qu’il n’avait pas trouvé ce que pourrait lui rendre la tranquillité d’esprit qu’il cherchait depuis tant d’années.

Cette fois, il n’a pas réussi à cacher son désarroi

– Je vois que tu es déçu de me rencontrer. Tu cherches une vérité qui est en toi —.

– Je m’excuse, je ne suis pas à la recherche de la vérité — Répondu Karl agacé

– Je ne parle pas de la vérité, je parle de TA vérité. Tu vas la chercher à l’intérieur de toi-même. Certains l’appellent voix intérieure et d’autres intuition, troisième œil, il existe beaucoup de dénominations, mais à la base c’est le même concept « TOI » —.

Un long silence a suivi ces paroles. Karl se dispose à se lever pour partir.

– Ta vérité, tu la caches tous les jours quand tu rumines sans arrêt. Tout ce que tu as dit ces derniers jours. C’est le bruit qui t’empêche de voir clair dans ton intérieur. Tu veux guérir les autres. C’est très louable. Essaie avant de te guérir toi-même. Si tu ne le fais pas, tu tomberas dans une spirale sans retour quand il ne te suffit pas de vouloir rendre la vie des autres plus confortable. Ils vont continuer à te chercher pour avoir cette sorte de guérison à travers toi. Qui va prendre soin de toi ? Toi-même. Tu n’as jamais appris à te sauver toi-même. —

Le sage a vu que ses paroles faisaient effet décourageant dans la tête du jeune homme.

– Tu es venu ici chercher une recette magique, la magie n’existe pas —

– Quand j’étais enfant, j’ai vu…

– Tu as bien vu. Mais tu n’as rien compris. – Lui a interrompu le vieil homme.

– On vit dans un monde physique. La matière produit et émane des énergies. L’énergie est une force transformatrice. Chaque personne se transforme d’une façon différente, alors chaque personne émane des énergies différentes. Cherche ton énergie transformatrice, quand tu l’auras trouvée, apprendre à la connaître, à la reconnaître, à l’aimer. Seulement quand tu seras maître de toi-même, tu trouveras ce que tu cherches. Ta façon, ta vérité —

– Je comprends. Alors, ce que vous voulez dire…

– On a passé assez de temps ensemble. Si tu as su écouter, avec le temps tu trouveras le sens de mes mots. -

– Oui, la précision que je veux… —

Mais le sage s’était déjà endormi.

Karl avait la tête embrouillée.

Un homme lui attendait dehors de la tente

– Salut jeune homme. Vous avez passé beaucoup de temps avec le sage. -

Même si Karl entendait ce que l’homme aux habits bizarres disait il n’était pas capable de répondre.

– Pardon, je…

– Ne vous inquiétez pas. Tous sortent dans le même état que vous. Venez, mangez un peu et quand vous serez rétablie, je vais vous conduire à la sortie de notre village. Vous pourriez trouver un moyen de transport approprié.

– Comment ça se peut, si j’ai dû marcher pour en arriver là ? – Dit Karl un peu plus en maîtrise de ses réponses.

– Pour parler avec le sage, il faut vraiment le désirer. Le sage exige des efforts. On dit que c’est une sorte de préparation à la rencontre. Ce n’est pas tous ceux qui prennent la route qui vont en arriver. La plupart retournent à mi-chemin. J’avoue que c’est un parcours difficile. -

– Je vois —

– J’espère que vous n’êtes pas trop déçu de votre rencontre. Je vous conseille de garder dans votre mémoire les mots que vous avez entendus et le moment venu, elles se présenteront à vous. Ce n’est qu’à ce moment-là que vous trouverez la réponse que vous cherchez —.

– La réponse est dans mon intérieur —

– Une raison de plus, pour garder ces mots avec zèle —

Un autre homme arrive pour lui dire que c’était le moment de partir

Un peu déboussolé, Karl a continué ses études, sa vie normale. Il n’était pas le même. Il voulait seulement découvrir la manière de trouver. Peu importe quoi, mais de trouver.

Toutefois, il croyait que même s’il ne rencontrait la réponse à sa question première. Il trouvera de petites demi-vérités, qui lui donneront, peut-être, le chemin.

Il a continué sa vie comme si rien ne s’était passé, même si dans son intérieur il bouillait d’envie de connaître cette chose qu’il n’arrivait même pas à déchiffrer.

– Vous avez une clientèle étrange. La plupart des gens ont des vies simples –.

– C’est vous qui parlez –

– Est-ce que je dois attribuer un double sens à vos mots ? –

– tu peux leur donner le sens que tu veux. Sinon, de quoi ou de qui t’es-tu échappée ? quelle réalité es-tu en train de fuir ?

– En fait…, moi…, je pourrais vous expliquer… —

– Tu m’expliqueras quand tu seras prête. Pour l’instant, tu peux partir. Aujourd’hui a été une grosse journée pour toi. –

– Merci, —

– Je t’attends demain —