Roulements de tambours et d’assiettes. Place au jeu. The show must go on! Et c’est parti.

Patrik, plusieurs plats à la main, repousse la porte battante du bout du pied, en tournant sur lui-même, il sort de la cuisine en maugréant:

Je ne comprends, vraiment, pas ce qui se passe.

En attendant son retour, Isabelle soupire en fixant le plafond. Patrik revient en cuisine avec un teint et un sourire jaunâtres.

JE ne comprends pas. Qu’est-ce que Sandrine fait avec une photo de moi, pratiquement nue, dans une exposition, aux nouvelles! Une photo que j’ai jamais vue!

Patrik sort à nouveau de la cuisine, les bras chargés, le regard au sol, mais le teint maintenant blanc.

Je ne comprends pas, moi non plus…
Il revient dans la cuisine en pressant le pas.
Quelqu’un lui a bien donnée? Lui demanda -t-elle.

Je ne dirais pas donnée…
Il sort, Isabelle est bouche bée. À son retour, il s’arrête à ses côtés.
Je pourrais admettre montrée.
Isabelle est étourdie.
Admettre montrer?
Tu connais mes creux de vague artistique. Je peux avoir besoin d’un souffle pour rebondir. D’un coup de main qui donne l’élan à une nouvelle idée.
Oui, mais à quel prix? Pourquoi des photos de moi, tu as mille autres photos à exhiber.
Mea culpa.
Non, ce n’est pas suffisant, regarde-moi bien aller! dit-elle, les dents serrées, en sortant de la cuisine sans fracas.

Isabelle reparti l’estomac à l’envers de ses embrouilles avec le cuisinier. Ne jamais fréquenter un collègue. Ne jamais faire confiance tout simplement. Elle ne savait pas si c’était la jalousie ou si c’était l’humiliation qui lui rongeait les tripes. Elle ne savait pas si c’était Patrik ou Sandrine qui était coupable. Elle pensait connaître leurs les forces et faiblesses. Elle était pourtant persuadée de contrôler le jeu.

Patrik avait réussi à esquiver en ne jouant aucune carte. Isabelle n’avait rien pu déceler d’évident. Sandrine, dans toute sa candeur, pouvait être manipulée, surtout dans un tel moment d’humeur élevé. Galvanisée par son éclat, elle deviendrait sûrement très sensible à l’ombre. Une petite visite inopinée pourrait lui permettre de comprendre qui mène vraiment le bal.

Sandrine serrait des mains et roulait des yeux. Entourée d’un modeste public de curieux, du fier galériste et d’un chroniqueur de deuxième ordre.

Merci beaucoup, merci!
Merci à vous, c’est superbe! Vous avez l’oeil!
Merci, ça vient simplement du coeur!

Isabelle, avec une casquette comme couvre-chef, s’approcha du groupuscule en tirant Sandrine vers elle par le bras .

Du coeur, mon cul!
En?
Du coeur… mon cul ,la bipolaire! Tu as mis mon cul dans tes oeuvres pour dévoiler ton coeur? Qu’est-ce que tu fais avec des photos de moi? Qu’est-ce que tu fais avec les photos de Patrik?
Ces photos sont de Patrik et moi!
Et toi?

On se rend service tous les deux. Il a besoin d’idées, je lui en offre, j’ai besoin d’images, il m’en donne. Quand il a besoin d’un 2e angle, je suis disponible.
Pardon? Qu’est-ce que ça veut dire?
Excuse-moi, on m’attend.

Sandrine retourne retourna à son exposition, imperturbable, sur son nuage tangible.

Isabelle descend descendit vers son travail, où le tonnerre gronde déjà.

Peu importe les versions, la confiance et les affronts, Sandrine les avait trahi. Patrik et Isabelle méritaient vengeance et allaient se l’offrir à leur façon. Isabelle, plus conventionnelle, par le biais de son avocat. Patrik, plus créatif, via ce qui est considéré, à juste titre dans les circonstances, par de l’affichage sauvage! Laissant tomber son plan de voyage, Il avait le reste de la journée pour trouver ses plus belles photos de Sandrine, y ajouter de l’infographie avec un logiciel tout simple et en faire imprimer quelques exemplaires sur de grandes affiches. Il ne restait plus qu’à attendre la nuit pour placarder les alentours de la galerie, le quartier de Sandrine, et surtout directement face à son appartement, le beau mur de bois pressés, installé par la ville, si propice pour coller les belles grandes affiches parmi des publicités de films, de lancement d’album et d’exposition au musée. C’est ironique quelques fois la vie!

Au levé, Sandrine vit devant chez elle d’immenses photos crues et floues en mêmes temps. Elle se voyait, rayonnante, fixant l’objectif, dans ses plus simples atours. On pouvait y lire voleuse. Sur celle d’à côté, avec son joli minois faisant la mou fraudeuse, traitre, salope, dangereuse et ainsi de suite. Plusieurs photos trop grosses, plusieurs mots trop durs.

Sandrine, complètement bouleversée, se sent sentait prise à un jeu qu’elle n’ a avait pas vu venir. Une grosse boule monte montait jusque dans sa gorge, une douleur vive s’y installe installait , son souffle est court et de plus en plus rapide. Haletante, elle frissonne. Des gouttes de sueur perlent son front. Sa tête tourne. Panique. Elle rentre rapidement pour trouver son cellulaire et contacter son seul numéro en cas d’urgence de ce genre. Elle compose le numéro du centre, son seul cocon en cas de crise.

son souffle était court et de plus en plus rapide. Haletante, elle frissonna. Des gouttes de sueur perlèrent de son front. Sa tête tournait. Panique. Elle rentra rapidement pour trouver son cellulaire et contacter son seul numéro en cas d’urgence de ce genre. Elle composa le numéro du centre, son seul cocon en cas de crise.

Sa seule sortie est son guêpier.

Agathe? C’est Sandrine.
Bravo ma belle, j’ai vu le reportage hier!
Merci, mais j’aurais besoin que vous veniez me chercher, tout de suite. C’est urgent Agathe, je m’excuse. Sandrine éclate en sanglot.
Pas de problème ma belle, je t’envoie une voiture tout de suite.

C’est sur le qui-vive et la défensive que Sandrine retourne retourna dans ce lieu de bien-être.
Elle avait besoin de cette équipe qui la connaissait si bien.

Elle devrait confronter Isabelle et Patrik sur leur terrain. Ce n’était vraiment pas prévu.