EXTRAIT D'UN TEXTE DE VIVIAN 1969

“Un couple de blaireaux a été vu dévorant un chat domestique dans la ruelle Milton entre les rues Saint-Urbain et Clark, tout à côté du boulevard Saint-Laurent ce matin du 11 juillet 2024.”

Karl Périgueux a un mouvement de recul et de dégoût. Il poursuit néanmoins sa lecture :

“Le passant, effrayé par la scène qui a eu le temps de filmer les deux spécimens, s’est réfugié rapidement dans un café du quartier du Plateau Mont-Royal. L’incident, qui peut paraître mineur à première vue si on tient compte des frasques humaines rocambolesques (scènes de sexe, de casse et autres facéties) rapportées au cours des dernières années par les résidents de ce quartier du Plateau Mont-Royal, serait passé inaperçu si la courte vidéo de ce témoin horrifié n’avait pas été relayée par les réseaux sociaux. En effet, on voit clairement sur les images la gueule sanguinolente de ces deux animaux sauvages qui ont été identifiés rapidement par des spécialistes comme des ratels, aussi appelés zorilles du Cap, espèce qui n’a jusque-là jamais été vue sur le continent américain, et encore moins en Amérique du Nord, puisqu’elle vit ordinairement dans les régions désertiques allant du Nord de l’Inde à la péninsule arabique et dans l’Afrique subsaharienne.

Omnivore féroce qui n’a peur de rien et qui a la réputation de foncer sur des proies beaucoup plus grosses que lui en s’attaquant notamment vicieusement à leur scrotum pour provoquer une hémorragie,

À VOUS DE POURSUIVRE!

{{split}}

Karl s'estime chanceux de ne pas avoir été témoin de cette scène d'horreur. Classé parmi l'animal le plus agressif au monde, avec ses griffes pouvant mesurer jusqu'à 4cm de long, le pauvre chat n'a eu aucune chance.

Karl aime les chats, il en a d'ailleurs deux. Boubou, un magnifique siamois de 5 ans couleur blue point, et Perle, une toute petite chatte persane blanche de 6 mois. Il a du mal à stopper son imaginaire avec cette terrible histoire. Il décide de fermer son ordinateur. Se prélasser sur sa jolie terrasse est son projet ultime pour sa journée de congé. Karl s'assoupit. Et le voilà tombé dans les bras de Morphée. Ce dieu des rêves fait soudainement apparaître Boubou et Perle grimpant joyeusement sur l'arbre à chat. Leur jeu favori : qui aura la place de choix, côté jardin...

Et tout à coup, provenant de nulle part, deux affreuses bêtes aux yeux, aux dents et aux griffes démentiellement menaçantes bondissent sur Boubou et Perle. À l'unisson, un cri a retenti avec force et écho dans toute la maison. Mes deux amours étaient en train de se faire déchiqueter devant mon regard horrifié. Pétrifié, j'essayais d'hurler et aucun son... Et c'est dans un interminable gémissement de mes poilus que je me suis réveillé... En sueur et soulagé, ce n'était qu'un rêve. Mes chats étaient bel et bien vivants. Et comme s'ils avaient senti ma peur, les deux sont venus se blottir tout contre moi avec un ronronnement digne de ce nom.