Oui, j’étais heureuse de me conforter de nouveau dans ses bras.

Sa fraîche et douce main dans la mienne.

Dépose ta tête sur mon épaule, enfant de la vie…

Quand je m’éveillai, quelques heures plus tard, il faisait déjà nuit !

La faim me tenaillant, je me levai et pris la direction de la cuisine.

J’avais le goût d’une salade fraîche, d’un bon croûton de pain et d’un bout de fromage.

Après avoir pris soin de me préparer une belle assiette, je m’assis face au jardin.

Je pris le temps de savourer chaque bouchée, mon regard lunatique perdu quelque part au-delà de la porte-fenêtre… la fontaine du jardin chantait sa douce partition cristalline.

Le vent pliait doucement les graminées sous sa caresse…

Les majestueuses fleurs du yucca surplombant la plate bande d’Astilbes et d’Hydrangées parfumaient l’air.

Je n’ai de cesse d’admirer le jardin sous toutes ses coutures… le chant des oiseaux…

Le tamia qui traverse la terrasse à toute vitesse, occupé à ses provisions, les bajoues pleines!

Je ne me souvenais pas vraiment de mes rêvasseries dans l’ombre et en même temps, je me sentais prête à amorcer la semaine plus doucement, l’esprit frais.

Une bonne marche tranquille après ce repas improvisé, histoire de dégourdir mon corps, une douche et hop au lit! J’étais plutôt fatiguée ces temps-ci.

La semaine qui s’annonçait m’apporterait bien assez vite son lot de défis.

Andromède, ma chatte siamoise « tabby » vient souvent s’allonger au pied de mon lit, collée sur moi.. Elle ronronne si fort! j’en rigole, elle adore la douceur de la jetée qui s’y trouve pour me garder les pieds au chaud en tout temps.

Au matin, lorsqu’elle a faim, ses cris ne me laissent pas de répit….

Oui, oui, ma choupinette ! Je me lève, je me lève ! Laisse-moi donc le temps d’enfiler mon peignoir!

Celui de ce matin est en soie fraîche, il me vient d’Asie. Une amie de longue date me l’a rapportée d’un de ses nombreux voyages. C’est une passionnée de l’Asie. Et moi, je suis une passionnée des caresses de la soie sur ma peau. Eh oui, j’ai une peau très sensible. Cela vous étonne?

J’adore m’en envelopper pour prendre mon petit déjeuner. Je crois qu’elle me donne de l’inspiration,

l’écriture de mon recueil de courts poèmes avance à grands pas!

D’ailleurs, j’ai plusieurs autres croyances qui me font du bien, elles m’appartiennent, c’est mon jardin secret.

Alors, qu’avons-nous au déjeuner ce matin? Un demi-bagel grillé avec fromage à la crème et une belle poire en tranches fines fera l’affaire.

Le café au lait, lui, se boit exclusivement sur la terrasse, en été, à admirer le jardin. C’est ma façon de combattre mon addiction! Pas n’importe où n’importe quand! Trop de café me donne mal à l’estomac, Ça n’aide pas à ma création, ni à mon corps d’ailleurs!

Parfois, l’intuition me vient dès l’aube…. Ces moments sont là, soit, pour peaufiner un travail déjà en marche ou en commencer un tout nouveau. Lorsque l’inspiration se lève plus tôt que moi j’ai souvent besoin d’une sieste dans l’après-midi.

Par contre, pour trouver de nouvelles idées, je me promène tous les jours en nature. Mon corps doit s’animer pour que mon esprit le suive…

Il y a un parc non loin de chez moi où coule une rivière… c’est un endroit magnifique.

Je dois me connecter à la vie, me laisser aller avec le « flow » … « go with the flow » selon l’expression consacrée. En tout cas, ça marche bien pour moi.

J’ai justement rendez-vous avec mon éditeur en plein milieu de la semaine.

Juste le temps d’une énième révision!

Je suis imbattable sur les révisions même si j’ai toujours besoin d’un œil extérieur. J’ai une ou deux amies qui ont « l’œil de lynx » et qui aiment bien m’aider pour la révision.

Ce matin il m’est venue l’idée de créer un court poème sur l’ombre. Je me lance sans trop savoir et j’écris…

L’ ombre s’avance

Mon cœur s’emballe déjà,

plaisant refuge…

Voilà! Au cours des prochains jours, j’y reviendrai. Il faut que le chant du poème me rejoigne pleinement sinon, je ne publie pas. Habituellement, la relation de confiance que j’ai avec mon éditeur fonctionne bien. Nos esprits se complètent, il est de bon conseil.

Pour l’instant, je dois me consacrer à penser au format et à la présentation du prochain recueil.

J’aimerais un genre de cahier cousu fait avec du papier parchemin ivoire comportant un léger grain, une police de caractère raffinée, élancée ou courbée…. Ça reste à déterminer.

Ce cadeau que je me fis en ce début de semaine, en tant qu’adulte d’aller recontacter ma tendre amie d’enfance, se grava dans mon cœur.

Pourtant, je l’avais bien senti, ce serrement de mon cœur à l’approche de l’ombre, tapie derrière la porte.

En même temps, c’était mon amie d’enfance, pourquoi en aurais-je eu peur?

J’ai appris en tant qu’adulte que derrière chaque peur, il y a un beau désir.

Et que si je travaille à réaliser mon beau désir… la peur s’envole doucement.

Pour l’adulte que je suis combattre la peur est un travail de chaque jour… la peur de manquer, de ne pas avoir assez… de ne pas être assez surtout … d’où est-ce que ça peut bien venir?

Même lorsque j’étais enfant, ma mère et mon père faisaient des pieds et des mains afin que nous ne manquions de rien… Un grand jardin, des conserves de légumes, des confitures.

L’achat d’un demi bœuf à la boucherie de mon oncle, toutes pièces emballées, étiquetées… dans du papier rose foncé mat… couleur bizarre…

La meule de fromage complète que mon père sectionnait au bout de la table avec son immense couteau, (un couteau si long, très impressionnant pour une enfant) pour le mettre au congélateur.

Ils faisaient des provisions pour la saison hivernale.

Même le vin pour les soirées entre adultes, concoctions étranges et multicolores dans de grandes jarres de grès. Fleurs de pissenlit, tranches d’oranges flottant à la surface d’un liquide douteux et en même temps couvert très proprement de coton fromage immaculé. Cerises, raisins de grève, tout fruit était propice à faire ce liquide « pour adulte seulement ». Il y versait des sacs de sucre en entier!

Je trouvais cela étrange et fascinant cette chimie! Sans savoir que cela en était…

Je me rappelle que mon père était particulièrement fier d’un petit vin de cerises qui, oublier dans la cave était devenu liquoreux comme un porto.

Tous ces préparatifs annuels qui marquaient le passage du temps… des rituels de passage des saisons…

Alors, je ne sais pas d’où me vient cette peur de ne pas être assez… trop peu ou jamais assez bonne…