L’endeuillé

Dans le vol de retour vers West Palm Beach, je me remémore soudainement, au moment de m’assoupir, cette rencontre fortuite sur un banc de parc du Mont-Royal avant-hier. Juste après avoir quitté le Cimetière Côte-des-Neiges après une courte cérémonie qui m'avait laissé dans une langueur empreinte de grande tristesse. Un état d’âme qui m’assaille parfois quand je me sens dépourvu de moyens face à une situation dans laquelle je me suis mise, qui ne me rend pas justice à mes yeux et pour laquelle je n’ai aucun moyen de changer les choses. D’aucuns se laissent alors aller à une bonne crise de colère ou de larmes. C’est selon, ces deux sentiments étant si proches l’un de l’autre. Pour ma part, je n’ai plus l’énergie de piquer une crise et je ne suis pas le genre à pleurer sur mon sort. Alors, je laisse passer tranquillement ce sentiment d'impuissance face aux accidents de parcours de la vie et je m’éloigne doucement de la source de mon inconfort.

J'avais fait tout ce chemin pour être là, au chevet de Renée, à la Maison de la Pointe Bleue, pour accompagner celle que j'avais aimé tendrement pendant cinq ans après un coup de foudre initial intempestif. J’étais revenu aussitôt, suite à son appel au moment de rentrer en maison de fin de vie. C’était la demande spécifique qu’elle m’avait faite, car elle ne voulait pas que je sois là à ses côtés pendant un temps qui n’en finirait plus à attendre que les cellules envahissantes fassent leur incontrôlable dommage. La " Petite-blonde " qui passait auparavant une bonne heure le matin à composer le personnage enjoué modelé sur celui de notre chère " Dodo nationale " en se maquillant avec précision pour soustraire 20 ans à son âge réel avant d'affronter la journée. Cette femme pétillante et animée ne voulait pas que je sois là, impuissant à influencer les choses, pendant un long et implacable processus de détérioration qui allait la ramener cruellement à son âge actuel. Elle avait préféré nous éviter cette période d’impuissance face au destin qui risquait d’user nos forces à attendre sans moyens l’inévitable. Elle avait préféré rester en déni le plus longtemps possible à jouer au scrabble avec sa sœur Julia et à parler au téléphone occasionnellement avec ses enfants qui même à l’âge adulte n’avaient pas encore, ni l’un ni l’autre, atteint la maturité requise pour prendre soin de leur mère qui en avait besoin pour la première fois.

Ce qui nous avait permis de passer les quatre derniers jours de sa vie ensemble, tous les deux, dans l’intimité exclusive de notre affection mutuelle, parés contre les distractions externes, dans cette atmosphère feutrée de l’environnement paisible et soutenant de la maison de fin de vie.

Puis j'étais resté quelques semaines, le temps que sa famille ou plus précisément son mari s'occupe des détails administratifs et pour remplir une dernière obligation sociale; me retrouver finalement en marge de ce microcosme composé de la famille et de quelques amis et amies intimes réunis pour rendre un dernier hommage à Renée qui nous avait préparé un beau moment malgré une triste fin. Renée qui pétillait de joie de vivre partout où elle passait. Renée qui nous avait quitté en deux temps et trois mouvements, intercalés de quelques séances de chimiothérapie qu'elle avait finalement décidé d'interrompre.

Pendant toute la cérémonie qu’elle avait scénarisée dans le moindre détail, mais faussement animée par ses deux enfants et son ex-mari, le maître du protocole, qu'elle avait quitté quarante ans auparavant, je me suis senti tellement " pas à ma place ", assis un peu en retrait. La famille avait repris ses droits sur le dernier des amants romantiques et récupérait les cendres de la défunte pour les enterrer dans le lot familial. Je me revois dans l'image de Marcello Mastroianni au chevet de sa mère défunte, dans le film de Luchino Visconti : L' étranger de Camus. Un passage obligé que j'aurais pu m'éviter mais que je devais à nos amis communs, à Renée et moi. Ceux et celles qu'elle m'avait fait connaître au cours de nos cinq années de vie joyeuse.

C'est dans cet état d'absence mentale du lieu physique où je mettais les pieds que je me suis retrouvé dans l'air frais d'avril du Mont Royal, à marcher sans but jusqu'à ce qu’un léger vertige me contraigne à m'asseoir sur le premier banc venu. Ces moments de faiblesse soudains ont commencé dernièrement à me forcer à prendre une pause avant de poursuivre l’action en cours. C'est donc ainsi que je me suis retrouvé soudainement, ça me revient maintenant, assis sur un banc de parc, à faire la conversation avec une gentille dame que je ne connaissais pas du tout et qui au moment où je suis revenu sur terre, m'écoutait attentivement comme si je lui racontais un événement passionnant. Je ne me souviens pas exactement de ce dont je lui ai parlé. Ce n'était certainement pas de la cérémonie funéraire ni non plus la réunion autour du cocktail dînatoire qui l'a suivie.

C’est tout de même amusant de voir à quel point l’âge avancé comporte des avantages dont on ne peut profiter étant plus jeune. Imaginez-vous, aller vous asseoir côte à côte avec une parfaite inconnue, sensiblement 20 ans plus jeune que vous et lui raconter des histoires comme si nous nous étions retrouvés après une longue absence. Imaginez poser ce geste impoli, grossier, incommodant, agressif, et tout autre qualificatif du genre si vous aviez fait cela à 40 ou 50 ans dans un Québec éveillé aux abus sexuels et à tout autre comportement machiste soupçonné d’être naturellement dominant venant d’un homme blanc plus âgé.

Imaginez maintenant une belle dame élégamment vêtue, dans la cinquantaine tout au plus, qui croquait doucement sa pomme en rêvant sur un banc public, se faire aborder par un vieux monsieur qui lui parle de ses angoisses existentielles sans même avoir pris le temps de la moindre des politesses des présentations mutuelles. Il faut vraiment que le vieux monsieur ait l’air absolument inoffensif et sans arrière-pensée pour qu’elle ait accepté de l’écouter jusqu’au bout de l’histoire d’un pan d’une douzaine d’années de sa vie qui semble l’avoir laissé profondément marqué.

Ceci peut être plausible dans les romans feuilleton, mais pas à Montréal en plein mois d'avril. En tout cas, peu importe la période de l’année, ce scénario qui se déroulerait entre deux personnes plus jeunes paraîtrait pour le moins déplacé, équivoque, voire même suspect aux yeux de la jeune femme.

Heureusement qu’au bout de mon monologue d’une dizaine de minutes qui l’a fait se balader sur trois continents pour finir au Sud du lac Memphrémagog en été et en Floride en hiver, la jeune dame, amusée il me semble, vu son sourire indulgent, de ce qu’elle venait d’entendre, profita d’une pause où je lui proposais d’entendre la suite, pour me dire gentiment qu’elle avait un rendez-vous médical. Puis elle se leva prestement et en ramassant son sac à dos, elle me tendit machinalement la main avec un gentil : " Passez une belle journée monsieur le Globe-Trotteur ", en tournant les talons pour déambuler avec précaution sur le terre-plein. Elle ne s’est même pas retournée pour signaler qu’elle s’était rendue compte que je lui avais furtivement glissé ma carte sociale au moment de la poignée de main. Je ne l’ai pas vue non plus la jeter dans le bac à ordures près du sentier en quittant le parc vers l’arrêt de bus.

Ce que j'ai remarqué par ailleurs c'est qu'elle marchait en s'appuyant de sa main gauche sur une canne, sans y poser son poids, mais plutôt comme pour garantir son équilibre pendant que sa jambe droite se laissait légèrement prier d’avancer. Tout de suite, l'image de Marie m'est revenue à l'esprit. Marie mon aînée, que j'ai accompagnée dans toutes les piscines de la province et même ailleurs au pays. Marie qui n'a pas pu participer aux Olympiques de Los Angeles à cause d'un malheureux accident au dernier camp d'entraînement que le CAMO tenait à Hawaï, l’hiver avant les jeux de 1984. Marie qui sur un lit d'hôpital où je l’avais retrouvée, il y a 11 ans m'avait annoncé sans prévenir que l'on soupçonnait une sclérose en plaques. Je me souviens de la bouffée d'émotions qui m'a envahi à cette annonce dramatique.

Heureusement, la progression de la maladie est retardée, pour l'instant, grâce à une médication de contrôle efficace. Un traitement qui m'a jusqu'à ce jour épargné l'image horrible qui m'était venue à l'esprit à l'hôpital lors de cette annonce foudroyante : l’image de ma fille, une athlète de haut en niveau, en chaise roulante.

Mais pour revenir à cette rencontre fortuite, maintenant que cet événement inusité me revient progressivement à l’esprit pendant que nous survolons la ville de New York. Pourquoi avoir tendu ma carte à cette belle dame au regard engageant avec seulement mon adresse courriel. Était-ce un vieux réflexe machinal de grand voyageur que je ne suis plus? Ou étais-je sérieux quand je lui ai proposé, ça me revient maintenant, de lui en raconter plus. Ou encore est-ce que je cherchais à lui donner la parole pour qu’elle me raconte sa vie à son tour. Non, je ne retiens pas cette dernière explication. Je ne suis pas en mode écoute active depuis que je suis occupé à plein temps à me retrouver et reconstruire mon avenir à la suite du décès de Renée qui, même annoncé depuis quelques mois déjà, me laisse encore une fois avec un sentiment d’abandon que je réussi à peine, maintenant, à mieux affronter.

“Please fasten your seatbelts and put your table back in the vertical position. We'll be landing in a few minutes. The weather is nice and warm in West Palm Beach with clear skies and 88 degrees.”

Déjà? Nous y sommes déjà! Je n'ai jamais trouvé ce vol aussi rapide depuis que je le fréquente régulièrement, tous les hivers, pour rejoindre Boyton Beach où nous louons un condo sur le golf, Renée et moi, depuis les cinq dernières années.

J'y serai dans moins de deux heures pour ramasser nos affaires personnelles, fermer les services et remettre la clé à Myriam, la gentille dame juive de Long Island qui nous a permis de profiter du condo de ses parents décédés, avant de le mettre en vente quand le marché aura repris. Car pour le moment, suite au crash immobilier de la fin des années 90, ces résidences secondaires ont perdu sensiblement la moitié de leur valeur marchande. Ce qui nous a permis d'en profiter pour passer l'hiver en Snowbirds à bon compte et de jouer au golf à satiété. Maintenant que Renée n'est plus là, je crois que je vais me remettre à la voile...

À mon arrivée sur place, le condo me paraît bien vide maintenant que Renée n'est plus là! Fallait s'y attendre, car elle était plutôt hyperactive cette petite blonde à queue de cheval que Myriam appelait affectueusement " Pony Tail ". J’ai bien essayé de me joindre à Roland et Louise avec qui nous jouions au golf trois fois par semaine en hiver depuis quelques années, pour un dernier 18 trous, mais le plaisir n’était plus là. L’animatrice du quatuor de golf nous manquait trop à tous les trois. C’est elle qui m’avait appris à jouer car elle était définitivement la meilleure des quatre. Même si Roland frappait très fort avec son driver à 500$US. Renée, quant à elle, frappait droit. Alors pendant que Roland cherchait sa balle dans les boisés ou dans l’étang, Renée, elle, marquait des pars et des bogeys.

Un jour, vers le milieu de notre première année en Floride, lorsque nous jouions une partie, seuls tous les deux, sur un beau terrain voisin à West Palm Beach, elle m’avait gentiment appris à jouer à ce jeu vicieux qui en trompe plusieurs. Lorsque tout est axé sur la distance à parcourir pour atteindre le vert; c’est le nombre de coups frappés qui fait la différence au bout du compte. Et Renée qui frappait beaucoup moins fort que nous tous, finissait généralement avec le plus petit nombre de coups. Et ce, même si elle comptait tous ses coups, contrairement à Roland qui en oubliait plusieurs et qui incitait Louise à faire de même pour l’encourager. Ce gars-là était typique du joueur qui ne s’arrête pas de nous raconter les bons coups qu’il a fait la semaine dernière quand il jouait seul avec son épouse. Pendant que celle-ci se concentre sur sa prochaine frappe pour ne pas avoir à confirmer l’histoire.

Or donc, c’est à West Palm Beach que j’ai appris à jouer au golf après près de 50 ans de piochage sur les parcours de golf. Pas en m’y payant un des meilleurs pros de la région. Non, simplement en observant jouer Renée et en mettant en pratique un conseil, un seul conseil qu’elle m’a donné et démontré pendant tout le premier 9 : " Marc-André, laisse travailler les bâtons! "

— Que veux-tu dire, Renée ? Laisse travailler les bâtons !

— Regarde dans ton sac, tu as une série de 13 bâtons qui sont conçus pour frapper à des distances différentes et spécifiques à chacun. En fonction de la distance à parcourir pour frapper en lieu sûr, choisis celui qui convient pour la circonstance; prends ton élan et frappe normalement sans forcer ni te retenir puis laisse travailler le bâton qui fera le travail attendu.

Ce n’est pas une leçon de golf qu’elle m’a donnée ce jour-là sur le tertre de départ du troisième trou, une Normale 3. Non, ce n’était pas qu’une leçon de golf; c’était une véritable leçon de vie ! À ce jour, j’essaie de la mettre en application à chaque fois que je me vois tenter de forcer les choses, en particulier.

— Laisse travailler les bâtons, mon Marc-André! Tu n’as pas à forcer pour faire arriver les choses. Si ça doit arriver ça arrivera, Sinon, ce n’est pas pour toi.

Je déroulais distraitement la liste de mes courriels des derniers jours en réfléchissant à mon avenir immédiat et à cette pensée philosophique profonde quand je suis tombé, à la suite de mes courriels du Devoir, sur une intruse : geneviève63@hotmail.fr

Ah! non, mon filtre en a échappé une. C’est surprenant. D’habitude, l’algorithme de gmail est assez habile à éliminer avant même que je les vois, tous ces envois massifs de sollicitation en tout genre. Vous ne pouvez pas imaginer la quantité de pourriels qui entre à chaque jour des offres de services de toutes natures et 80% du temps, à caractère sexuel. Mais la lecture des deux premières lignes dans la liste qui me révèle le contenu avant que je n’ouvre attire mon attention : J’ai résisté à correspondre avec un inconnu rencontré sur un banc de parc, mais…

Attends un instant… mais ne s’agit-il pas de la dame élégante du Mont-Royal ? Mais oui… correspondre avec un inconnu… J’ai vidé la maison… Un jour ma mère est morte… les départs, le divorce… les déménagements… les abandons… remplir le vide… mon exutoire, l’écriture… pas d’intention… rencontre inusitée… rien n’arrive pour rien…

Me raconterez-vous la suite de votre histoire ?

Votre amie de banc de parc.

Mon amie de banc de parc ! Mon amie de banc de parc ?

Je ne soupçonnais pas que je m’étais fait une amie de banc de parc. En fait, je ne m’attendais pas à m’être fait une amie sur un banc de parc. Plus précisément, je ne cherchais pas à me faire une amie lorsque j’ai parlé de façon fortuite à une inconnue assise sur un banc au parc du Mont Royal il y a deux semaines lors de mon passage rapide à Montréal.

Je relis plus attentivement ce courriel d’une dénommée Geneviève. Un prénom qui me rappelle l’épouse de mon ami Jules que je trouvais plutôt déterminée et autoritaire malgré son attitude enjouée. Ce qui convenait bien à Jules qui avait besoin de se faire brasser à l’occasion. Mais bon, attention aux préjugements et allons y voir de plus près. Elle a été intriguée par mon histoire et me fait part des similitudes avec la sienne qui est peu banale elle non plus et souligne quelques similitudes avec la mienne.

— “Le vide nous unit; c’est intrigant.”

Les aléas d’un mariage étouffant pour la femme qui y avait cherché du sens. Le divorce et toujours la quête de sens, d’espace pour s’épanouir. Espaces que les voyages n’avaient pas su combler. Ni non plus la tentative d’étourdissement consécutive à sa nouvelle liberté retrouvée. Puis l’écriture comme exutoire.

Oui, je trouve qu’elle écrit bien; qu’elle se révèle sans pudeur. Non, je ne trouve pas que nous sommes si semblables ni que nos histoires, même si elles comportent des similitudes d’expériences de voyages et de déceptions conjugales nous unissent particulièrement. À ce niveau-là, nous sommes de notre temps, sans plus, il me semble. Pas de similitudes particulières au point que je lui attribuerais le qualificatif de " mon amie " à première vue, comme ça, sans prévenir. Une qualification qu’elle s’autorise allègrement à mon goût. Laissons-nous le temps, Madame du Parc.

Tout de même, la lecture de ses mots, me permet d’entendre la réplique qu’elle n’avait pas osé, ou eu le temps de me donner sur ce maintenant fameux banc de parc. Puis ça me permet aussi de découvrir un autre aspect de ladite Geneviève qui peut aussi être tendre, généreuse, voire même bienveillante dans ses préoccupations du bien-être de l’autre. Après tout, ne m’avait-elle pas écouté avec gentillesse sans s'offusquer ni même s'impatienter lorsque je l'ai envahie assez cavalièrement, là-bas, dans un parc public.

Puis, la bienveillance est un très beau trait de caractère qui a presque disparu des relations interpersonnelles au cours des dernières années. La vitesse et la brièveté des échanges dans un monde du chacun pour soi dans la recherche de la richesse financière pour pouvoir se procurer le bonheur acheté à gros prix. La bienveillance, qui a fait place à l’intransigeance dans les rapports entre gens brimés qui cherchent à s’affirmer coûte que coûte sans souci pour l’opinion de l’autre; sans intérêt pour son histoire ou sa réalité.

Je lui dois au moins une réponse même si je ne suis pas en quête de Pen Pal, ces correspondants anonymes que nous cherchions à l’adolescence sous prétexte de perfectionner notre français écrit ou plus souvent une langue seconde. Je suis parfois osé, même un peu déplacé, mais jamais grossier. Pas même impoli avec les gens en général ni avec les belles dames inconnues en particulier. Alors…

3 mai 2017 à 9h37

À : genevieve63@hortmail.fr

De : anonime3491@gmail.com

Sujet : Bonjour Belle Dame du Parc,

Chère Geneviève,

Vous me prenez légèrement au dépourvu avec votre long courriel que j’avais cessé d’espérer. En effet, je me souviens après votre départ inopiné, avoir ressenti un grand soulagement d’avoir pu vous raconter un pan de 10 ans de ma vie d’un trait sans interruption. Vous ne pouvez pas vous imaginer l’effet cathartique que cette conversation, pardon, ce monologue m’avait fait, dans un moment de grand déséquilibre.

Je voulais surtout vous remercier pour la grande qualité d’écoute que vous y aviez manifestée et la délicatesse évidente d’avoir fait comme si tout était naturel et dans l’ordre des choses en partant. Vous excusant presque de ne pas pouvoir en entendre plus. Je voulais aussi m’excuser d’avoir été si sans façon et de vous avoir abordée aussi brusquement et puis, de vous avoir laissé partir sans explication.

Je lis maintenant que l’exercice avait aussi fait remonter chez-vous des souvenirs d’expériences semblables qui vous avaient probablement permis de prendre le temps de m’écouter sans m’interrompre ni me chasser, offusquée. C’est bien possible que nous ayons en commun quelques souvenirs déchirants, des passages de vie similaires et une ou deux brisures qui se sont cicatrisées au fil du temps. J’ai lu avec empathie votre court résumé de vie qui semble vous avoir incité à vous intéresser au mien et je suis bien heureux pour vous de constater que vous vous en êtes maintenant bien sortie.

Mais je dois vous avouer que je suis présentement en mode récupération trop fraîche pour chercher compréhension ou consolation dans les bras d’une âme sœur ou d’une ange envoyée du ciel.

Par contre, vous me dites que l’écriture est pour vous un exutoire efficace pour combler le vide, les vides occasionnels. Alors, avant de vous raconter la suite de ma vie et de ses brisures, laissez-moi vous donner la parole et racontez-moi à votre tour…

Deux solitudes peuvent peut-être engendrer un sentiment de plénitude si elles sont assez imaginatives et généreuses pour ne pas drainer l’autre. Faisons le pari qu’il est possible de trouver les réponses à vos questions dans un échange à distance puisque je suis d’accord avec vous, que rien n’arrive pour rien dans la vie.

Marc-André

Le vieil homme et la maison vide.

Envoyé de mon iPad