Par peur d'être vu nous avons fermé nos lampes de poches. Dans la nuit noire, un rayon peut facilement être aperçu. Je tentais de tenir la main de Marcel, mais n'y arrivait pas, les miennes tremblaient trop. En embuscade derrière le monticule de pierre tout près de la grange, nous étions assez bien cachés pour ne pas être vus~~ues~~, mais tout de même assez prèss pour entendre ce qui se disait. On retenait notre souffle et nos moindre gestes. Je ne pouvais cependant pas empêcher mon ventre de gargouiller. Il émettait un tel bruit, que je craignais que les deux gardiens m'entendent . J'étais totalement frappé de stupeur. Pour la première fois, je croyais ce que Marcel m'avait raconté. J'aurais souhaité ne jamais faire face à une de ses histoires de fous, mais cette fois-là, j'étais convaincu de la véracité de la chose et totalement impliqué dedans.

Puis s'ajouta soudainement à mon grand désarrois, comme pour amplifier la dangereuse situation, quelque chose de plus grave, je crus~~yru~~, l'espace d'un instant, reconnaître la voix d'une des personnes dans la grange. Il parlait fort, Il donnait des ordres aux autres, c'était certainement le chef de la bande. Où avais-je bien pu entendre cette voix ? Je n'arrivais pas à la reconnaître. Combien pouvaient-ils être à l'intérieur et que fabriquaient-ils- ~~ils~~ à cette heure de la nuit dans cette grange obscure? Un des deux gardiens sembla se réveiller comme par enchantement afin d'attraper ce qu'on venait de lui lancer. J'avais l'impression de l'avoir vu récupérer un petit paquet rectangulaire, puis le mettre dans un des sacs qui trônait à ses pieds, tout près de la porte.

Marcel tremblait tellement et ses dents claquaient si fort, qu'un des deux gardiens dit à l'autre :

_ T'as entendu? On n dirait qu'il y a du bruit dans le tas de roches.

_ Ben non, t'hallucines il n'y a rien là, pis à l'heure qu'il est tout le monde doit être couché.

_ Je te dis que j'ai entendu du bruit. Je vais aller voir, s'il y a quelqu'un qui nous surveille, son temps de vie est compté.

Je savais que s'il venait tout près, il allait nous découvrir. J'eu soudainement une immense bouffée de chaleur et comme il approchait j'ai vu son visage. J'ai failli crier. À ce moment même, salutairement, l'autre gardien le rappela. Il se vira d'un coup sec, nous oubliant, et retourna à côté des portes. On venait de passer à côté d'un immense danger, notre heure n'était pas venue. Dès qu'il fut reparti je dis dans l'oreille de Marcel que nous devions partir immédiatement de ce lieu maudit. Personne ne devait savoir que nous savions, ce que nous avions vu et surtout que nous avions reconnu un de la bande. Plus loin, à l'abri du danger je relançai Marcel :

_ T'as vu toi aussi qui c'était hein?

_ Ben non, c'était qui?

Sacré Marcel, toujours aussi niaiseux, il avait dû se fermer les yeux juste au moment où le gars arrivait près de nous.

_ Marcel, c'était ton frère!

_ Hein? Voyons donc, c'est pas possible,

_ Comment ça pas possible Marcel. Tu dois bien savoir que ton frère Henri, ce fier à bras, est bien capable de tremper dans des choses louches comme celle qui se passe ce soir dans la grange. Avec sa gang de gars, tous plus barbares, brigands, voleurs les uns que les autres, rien ne me paraît impossible de leur part. Qu'est-ce que tu penses qu'ils sont en train de faire. Quel mauvais coup est-ce qu'ils préparent.

_Est-ce que je sais moi?

_T'as pas entendu dernièrement ton frère parler de quelque chose de particulier. Comment ça se fait que t'étais au courant de ce qui allait se passer ce soir, exactement à cet endroit? Marcel même si tu dis le contraire, tu dois en savoir plus que tu penses. Je comprends que la peur te paralyse le cerveau, mais fait un petit effort, fais travailler tes méninges. Cherche dans ta tête, dans tes souvenirs, qu'est qu'ils peuvent bien faire?

Malgré que Marcel ne comprenait rien à rien, moi de mon côté je commençais à me faire ma petite idée sur ce qui se passait dans la grange. J'avais quand même lu les journaux ces derniers jours.