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Plus petit que moi mais mieux baraqué, Miguel n’a eu aucun mal à me neutraliseré. De toute façon, je ne tente pas de résister. Inutile d’attirer l’attention. Pas maintenant. Impassible, je l’entends marmonner quelques mots insondables dans son talkie-walkie. Par défaut, il jette un coup d’oeil de gauche à droite, comme s’il attendait un signal, un ordre. En aucun temps nos regards se croisent.

J’essaie de contenir ma rage montante. Quel affront ! Ce présumé ange serviteur, envoyé de Dieu, veut bousiller mon plan. La colère gronde en moi. Et plus je deviens enragé, plus ma hâte d’attaquer augmente. Je me connais. Je dois rester imperturbable. Je me remémore un passage de la Bible qui me ramène à la priorité qui, selon Dieu, est d'entrer dans le calme et la loyauté. Faire taire l'agitation, et se douer de confiance immuable. Je me sais capable d’une totale maîtrise de moi, j’ai fait mes preuves. Nouvelle inspiration, plus profonde, pour rassembler mes esprits et me recentrer sur la mission. Miguel m’a quelque peu déstabilisé. Le courage d’un groupe qui se bat aura toujours l'apparence d'une étrangeté pour les conformistes. Les sociétés occidentales individualistes s’évertuent à se débarrasser de tout rapport ou menace. Je ferme brièvement les yeux pour un rapide exercice de visualisation. Ça a toujours été ma façon de jouir,,, par la pensée. Cette image me procure instantanément une vague de plaisir qui court sur toute ma peau. J’imagine le bruit assourdissant des détonations, suivi de l’odeur de la poudre, et puis la panique. Le chaos provoqué par l’instinct de survie est des plus beaux à voir. Je pense à l’élimination de la menace, le grand nettoyage et ces pensées me renforcent dans mon élan. Je ressens aussitôt ce frisson qui me parcourt l’échine.

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L’arme bien plaqué contre ses côtes, je cherche du regard le renfort promis. Je sens son gilet pare-balles. Il faudra agir vite avant qu’il ne pète un câble et que je ne perde le contrôle de ce désaxé.

Buckley Nathan Hayes figure dans la mire des services de sécurité depuis déjà quelque temps. Un « hillbilly » de première classe. Il a toujours été difficilement concevable pour moi, et bien sûr mes camarades de régiment, qu’il ait pu être admis dans les forces. À peine nos premiers échanges, sa résistance à la modernisation de la société et son côté arriéré et violent me l’ont fait craindre. Il est toujours ressorti du lot par son idéologie rétrograde. Je ne me suis donc jamais lié à celui qui se fait appeler Yuckey en référence au goût déplaisant du populaire liquide contre la toux. Comme le sirop, les gens aiment détester l'un et l’autre. À voir sa fiche, c’est le genre de fils de pute qui est né avec 2 prises contre lui. Fortement improductif, Hayes a passé une partie de sa vie à errer d’une campagne à une autre, à enchainer les délits et les mauvaises décisions. Sa feuille de route est si désolante mais, de manière surprenante, il est parvenu à éviter toute condamnation. Un de ses oncles avait occupé le poste de shérif-adjoint de Bardwell dans le comté de Carlisle au Kentucky. Par la force des choses, oncle Roscoe avait fréquenté la sœur de J.R. Chance, jeune sénateur de l’Ohio de l’époque. Chance lui avait présenté sa sœur aînée qui avait maille à trouver un seul prétendant dans tout le comté. Roscoe et Lindsay-Ann ont convolé en justes noces peu après. Est-ce que ceci explique ~~peut-être~~ cela ?

De là oὺ je me trouve, j’ai une prise distincte sur la candidate. Elle se tient bien droite, tout sourire. Elle est entourée d’une sécurité appréciable mais aussi invisible au reste de la population. Je vois parfaitement l’activité qui se déroule en arrière-plan. Les agents déguisés en simples citoyens, les minuscules émetteurs camouflés un peu partout sur leur corps, et la main sur le flingue à leur ceinture, prête à réagir. Si le dénombrement des votes se passe sans accrocs, c’est dans cette université mythique que la première femme, noire, apprendra son éventuel couronnement historique à la Maison-Blanche. C’est aussi, devant cette éventualité qu’un carnage s’apprête à avoir lieu. Heureusement, après l’assaut du Capitole, les autorités de tout le pays se sont préparées au pire.

Je tiens fermement le bras de Hayes qui gigote nerveusement. La technique de la ventouse est l’une des premières pratiques de self-défense qu’on nous enseigne. Les jambes bien écartées, je suis solide et stable. Pour ma propre sécurité et pour annoncer mes intentions sans équivoque à Yuckey, je plaque mon genou dans son entrejambe pour avoir un accès direct à son point le plus faible. Un coup vers le haut et il se pliera en deux, le souffle coupé. Pour la première fois depuis ma prise de position, pour ne pas dire ma prise d’opposition, nous nous regardons dans le creux des yeux. Yuckey me fixe et me crache au visage dans un anglais certain, cette phrase suppliante :

- « Miguel, United we stand, divided we fall »~~,.,~~.

Raffermi par sa stupidité et l’évident risque qu’il représente, je réplique avec un solide coup de tête.

- « Si l'union fait la force, les coups font les bosses sale enfoiré !!! »

Je n’attends plus une seconde de plus et je descends les marches de l’hôtel en le serrant avec une brutalité que j’ai mal à contenir et je remets Hayes à mes deux comparses qui le conduiront en lieu sûr.

Je replace ma coiffe et mon uniforme et remonte vers l’hôtel. Je regarde droit devant, la main sur le cœur, je me remémore ce textee de la Bible.

« Lève-toi, sois éclairé, car ta lumière arrive. Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi ». Essaie 60 :1

Dans quelques heures, le sort de la Maison-Blanche et de toute une nation sera connu. Le pays évitera- t'--il sa propre destruction?

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