Sophie se précipita pour aller ouvrir.

Bonjour, je suis Laurent votre nouveau voisin.
Oui je vous ai vu emménager. Bienvenue dans le quartier. Je suis Sophie, j'habite ici temporairement avec ma mère. Entrez je vais vous la présenter. Mon frère est ici aussi, vous connaitrez toute la famille.
Je ne voudrais pas interrompre une réunion de famille. Je reviendrai à un autre moment.
Pas du tout, entrez.

Le coeur de Louisa battait la chamade en se dirigeant vers la porte. Roger! Elle ne l'avais pas revu depuis si longtemps.

Maman, je te présente Laurent, notre nouveau voisin.
Mais non ma chérie, ce n'est pas Laurent, c'est Roger que je n'ai pas revu depuis longtemps. Quel bonheur de te revoir! Quelle belle surprise!
Euh, je crois que vous me méprenez pour quelqu'un d'autre dit Laurent un peu déconcerté.
Mais allez, Roger, ne soit pas timide, je n'ai rien à cacher à mes enfants à mon âge.

Laurent regarda Sophie d'un air sidéré, cherchant à comprendre ce qui se passait.

Maman ~~tu dois te méprendre~~, Laurent est notre nouveau voisin. Il ne te connait pas, enfin comme personne publique oui, mais pas personnellement, et il ne s'appelle pas Roger. Viens te reposer ma petite maman, tu es fatiguée.
Je ne suis pas fatiguée, je ne comprends pas pourquoi Roger agit comme s'il ne me connaissait pas. C'était ok de se cacher quand vous étiez jeunes enfants et que nous étions amants mais ce n'est plus nécessaire maintenant, vous êtes adultes et ça me fait tellement plaisir de le revoir.
Maman, tu ne connais pas Roger, cet homme est Laurent, notre voisin. dit Sophie d'un ton exaspéré
Roger, explique-lui enfin, supplia Louisa.

Frédéric qui avait tout entendu, se dirigea vers l'entrée pour tenter de résoudre le quiproquo. C'était la première fois qu'il était conscient que sa mère confondait une personne avec une autre. Il savait bien que ça arriverait un jour, mais ça le bouleversait que ce soit si tôt. Lui qui avait tout lu sur la maladie et questionnait son aide médicale artificielle régulièrement , savait qu'il était inutile voire néfaste de démontrer de la frustration comme le faisait sa soeur.

Bonjour, je suis Frédéric le fils de Louisa. dit-il en serrant nerveusement la main de Laurent.
Viens t'asseoir imaman, ~~tu es peut-être un peu fatiguée~~. Monsieur ici est notre nouveau voisin, il est venu se présenter, c'est sympa de sa part, non? Maintenant, on va le laisser vaquer à ses occupations, d'accord?
D'accccord. Louisa s'assied sous les regards attendris de Sophie, Frédéric et de Laurent.
Vous restez prendre un café avec nous? demanda Louisa
Maman, je crois que Laurent, insista Sophie
Mais celui-ci l'interrompit et dit, avec plaisir, ce n'est pas tous les jours qu'on peut être invité à partager un bon moment avec la grande metteure en scène Louisa Laberge.
Vous êtes trop... excusez-moi, j'ai parfois des blancs de mémoires.

Frédéric saisit son téléphone et ajouta: blanc de mémoirer le 08 septembre 2050s

Louisa détestait perdre ses mots de la sorte. Elle était consciente que cette foutue maladie embrouillait graduellement son cerveau. Elle n'avait qu'un espoir, que ça ne dégénère pas trop au cours desu prochains mois.

Gentil, Laurent est trop gentil, c'est ce que tu voulais dire, non? ajouta tendrement Frédéric
Oui très gentil. Merci mon chéri. Alors qu'est-ce qui vous amène dans le quartier?
Un changement de vie, si on peut dire, répondit Laurent avec une amertume que Louisa perçut tout de suite.
Une séparation?
Oui et non, mon amoureux de 20 ans et associé en affaires est décédé il y a quelques mois. Un cancer fulgurant. C'est toute ma vie qui a basculé d'un coup. Et comme j'étais incapable de vivre seul dans la maison, j'ai décidé de louer dans ce quartier. Mais je ne veux pas vous embêter avec mes histoires.
Mais vous ne nous.... sur.. Euh.... dérangez pas du tout, dit difficilement Louisa. Toutes mes sympathies.
Merci j'apprécie.
Le 06 novembre pour son anniversaire, maman organise une grande fête avec un spectacle où elle réunira de nombreux amis et anciens collaborateurs. Laurent, vous viendrez? Ça vous changera les idées.
Peut-être pas... Le o6 no novembre sera aussi mon dernier spectacle et mon aurevoir.
Un silence de mort envahi soudainement la pièce.

Sophie incrédule et envahie par la tristesse et la colère se mit à hurler:

Tu ne penses qu'à toi, comme toujours. Et nous? Et nous? Tu y as pensé à nous? dit-elle en tombant à genoux.
C'est justement en pensant à vous que j'ai pris cette décision. Cette maladie est horrible, bientôt je ne vous reconnaitrai plus ~~rurais plus reconnur~~, j'oublierai ~~aurais oublié~~ le nom de ma rue, de fermer la cuisinière, je me perdrai dans le quartiere. Imaginez les soucis, la peine de me voir mourrir un peu chaque jour pendant des années peut-être. Ce sera difficile sur le coup, mais vous aurez toujours les bons souvenirs à vous remémorer. Il est hors de question que vous perdiez des belles années de votre jeunesse à me voir dépérir.
C'est à nous de décider si on est prêt à le faire, pas à toi hurla encore Sophie.
Si je peux me permettre, interrompit très doucement Laurent. Je viens de vivre la déchéance d'une personne que j'aime beaucoup. Mais voir une personne si dynamique, enjouée et vivante perdre ses moyens petit à petit est atroce. Vous avez dn meuxmois pour profiter de votre mère et lui offrir une fin dans la dignité. J'ai tout mon temps, je peux vous aider. Ça me changera les idées comme vous dites.
Ah mon cher Roger, comme tu m'as manqué...