Camp Peur

Le camp peur se lève, solitude à s’arrêter, en fuyant le fleuve horizon.

Village en ville, chaque arrêt raconte sa propre histoire. L’émerveillement, à sillonner les tapis, des chemins inconnus. Les marécages, en haute liberté au-dessus, la nuit, trompant le jour.

Revenir des voyages aux couleurs émeraudes levant l’aventure, tel l’humeur voyageuse. Noyer l’amour à rouler sa bosse, seule, Amélia voyage, voyage accompagnée de la route sans espace. Partir pour tromper son cœur, sans elle.

Les rayons éblouissent ses yeux. Ses pensées aveuglent l’inconnue oubliée, qui brûle l’arc-en-ciel, droit devant. Rien n’existe sans elle. Le temps passe, la mort grimace la vitre du camp peur.

La route se divise, culbutant le gravier longeant les champs en fleurs. La poussière affole Amélia, le désert dispute le combat à revenir droite, sans perdre le contrôle tant qu’il y aura des nuages vagabonds. Tout se stabilise, une pause n’abandonnant pas les moments de sibyllin. Avoir le goût de vomir, d’abandonner l’espionne rusée, quelque part au souvenir pleine lune, si perdre son cœur.

***

Se demander qui elle est, demander où elle va, ces questions balourdes à tout savoir. Demander comment elle va et si elle va y arriver, orpheline.

Vaguer à se découvrir, Amélia est si, si fatiguée, de devoir entendre comment elle doit vivre. Elle ne veut que retrouver la paix, avec elle et sa belle Mélyse~~élize~~. Sentir l’odeur parfum, coller contre sa poitrine, dans leur solitude, perdue quelque part.

Elle a besoin de se retrouver, raconter son histoire, visiter son corps qui n’avait accepté qu’elle, chère Mélyse~~élize~~.

***

Pour un instant. Cet instant, où Amélia entend sa voix, lointaine. La sienne.

Cette balade à Saint-Joachim vers La Grande Ferme qui fume les étoiles sur le bord arrêté, redoutant le feu du fleuve, amoureuse. Juste une petite nuit. Nuit, quand plus personne ne va nous attendre, l’amour va exister encore et encore. Les temps démodés, les boussoles doutent, doutent entre toi et moi.

***

Je l’ai rencontrée au bord de la 138. Abandonnée, au regard vide d’un corps maigri. J’ai arrêté le camp peur. Je suis débarquée, le cœur funeste et je l’ai serrée contre ma poitrine. Je ne pouvais plus m’imaginer la perdre sans mes talons hauts. J'ai séché ses pleurs et je n’avais jamais vu l’amour avec la haine traçant le mal pour le mal.

Une princesse unique, déesse humeur voyageuse, la mienne. La certitude de la protéger comme un bonheur en bouteille. L’illusion d’être ensemble pour une vie, même si vieille.

La vie lui avait fait tant de promesses, sans lui rendre. Je suis là pour toi, chère Mélyse, même si je me sens triste.

***

Ce beau matin, j’ai tout laissé pour être au bout du chemin. Je sais que tu es partie, mais qu’à ton retour, même non-retour, je ne peux croire qu’une autre t’a prise sans me promettre de te revoir.

***

Un an plus tard, je reprends cette route, qui est la nôtre. Rien n’a changé, à part que je suis seule.

La route est amère et sans pitié. Est-ce que Amélia va découvrir ce qui est arrivée à Mélyse~~élize~~ ? Elle est la plus belle saison de sa vie et c’est son premier vol d’une terre en brasier.