-Vous avez bien fait Julie de venir ici. Vous faites comme plusieurs font de venir se protéger en prévention, malheureusement le manque de place est criant et souvent elles n’osent pas demander à la famille ou leur entourage, souvent par honte de se retrouver dans une telle réalité et retournent chez elle terrorisées. Vous êtes chanceuse, une place vient de se libérer et compte tenu de votre situation, je la priorise pour vous.

-Merci madame Constance

-Constance suffira, dit celle-ci en souriant.

-Oh! D’accord alors.

-Comment s’appelle votre frère?

-Claudio

-Et vous êtes certaine de ce qu’il pourrait faire

-Oh! Que oui….. je suis sa soeur adorée et il n’est pas toujours sur la ligne, si vous comprenez ce que je veux dire

-Hummm! Style qu’il pourrait être du côté hors la loi parfois?

-Ouais, c’est pour ça que je le crois quand il dit qu’il pourrait tout faire pour me protéger au risque de se mettre dans le pétrin

-Vous lui avez tout raconté ou seulement une partie

-Ben, une partie mais une grande partie…

-Alors allons-y, que lui avez-vous confié exactement de ce que vous m’avez raconté.

***

-Maureen, comment ça va aujourd’hui?

-Un jour à la fois très chère amie, ça va. Si je m’éloigne un peu trop de cet instant présent, je deviens étourdie et l’intensité des vagues intérieures m’asphyxie, je ne respire plus, alors je fonctionne avec des oeillères et ça m’aide.

-Tu fais bien ce qu’il te faut faire pour ta survie. Vas-tu un peu dehors, près de la mer te ressourcer par son rythme?

-Oh! Que si, sinon je crois que je croulerais dans ma souffrance. Avec la mer, je suis avec elle, ma belle Fiona et ça me réconforte

-Oh! C’est bien ça, la Nature quel réconfort….je pense à elle tous les jours tu sais, en me levant surtout et moi aussi ça m’aide à poursuivre mon travail. Belle et si vivante Fiona. Je suis de tout coeur avec toi ma belle Maureen, bientôt j’aurai des vacances et irai te visiter

-Que c’est gentil à toi ma belle amie.

-J’aimerais te demander une information, mais je sais que le sujet est bien délicat

-Vas-y, on verra bien

-J’ai une nouvelle femme qui vient d’héberger à notre maison. Elle vient de Montréal mais ne voulait absolument pas aller dans une maison de cette ville.

-Ah! Bon et pourquoi?

-Elle est, depuis peu, la compagne d’un membre de la police de Montréal, qui l’intimide, la menace. Comme c’est confidentiel je ne peux t’en dire davantage ni sur son titre, ni sur les actes qu’elle dénonce. Mais elle a eu si peur qu’elle a pris la route pour se rendre dans un autre coin pour demander asile.

-Quelle courageuse et brillante femme elle est.

-Ouais, tout à fait, je ne pouvais pas ne pas l’accueillir avec cette histoire et cette route qu’elle a faite. Elle a un frère à qui elle s’est confiée, qui veut la protéger, mais là il rugit de colère et menace d’aller lui régler son compte. Comme il chevauche sur la limite de la loi, il se dit que le côté sombre de la société devra s’en occuper si le côté, dirait-on, plus lumineux n’est-plus fiable ou incapable de faire justice.

-Ouin, pas facile toi les eaux dans lesquelles tu nages. Et quelle info puis-je te donner?

-Ben, justement, voilà le sujet délicat. Tu m’as parlé d’un Inspecteur de Montréal qui t’a annoncé le décès de Fiona et tu m’as dit combien il t’avait semblé humain, compatissant, troublé.

-Oui, oui, tout à fait. l’Inspecteur Philipe Morissette, un homme au grand coeur.

-Ouf, justement pour cela que je t’appelle. Crois-tu que si je le contacte, ils pourra nous aider, moi , ma pensionnaire et son frère, même s’il fait parti du même corps policier?

-Ah! Ben ça je sais pas mais vraiment y a rien à perdre. Il m’avait même fait parvenir des fleurs aux funérailles et m’avait souhaité “Bon courage”. Ça fait si peu de temps que je suis certaine qu’il se souvient. Tu pourrais lui dire que c’est moi qui t’ai mis en communication.

-Oh! Un énorme merci Maureen et à très bientôt

***

Un homme entre dans le service de police et à la réception demande à parler à un agent.

-Pour quel sujet et votre nom?

-Claudio Valence. Pour une prévention de féminicide….

-Assoyez-vous, ce ne sera pas long

Toute indication ou signalement pouvant être relié à un féminicide devait, depuis la récente consigne, être directement dirigé vers l’Inspecteur Morissette ou au Sergent Lecompte en son absence.

-Bonjour monsieur Valence, suivez-moi, je suis le Sergent Lecompte.

Asseye-vous, que puis-je pour vous?

-Premièrement, je vous le tient pour dit, je vais d’abord tenter de rester calme

-Parfait, avez-vous besoin d’un verre d’eau?

-Non, ça va…. J’espère seulement que je m’adresse au bon policier qui saura m’aider…le bon est à souligner dans ma phrase

-Ok, je ne suis pas certain de comprendre mais allez-y, je vous écoute

-Ma soeur Julie Valence est actuellement en maison de protection en dehors de Montréal pour se protéger des menaces et actions potentiellement dangereuses de son nouveau partenaire.

-Continuez monsieur Valence

-Cet homme est un de vos membres dans la SPVM

Claudio observe d’un coup d’oeil le teint du visage du Sergent Lecompte blêmir

-Quels genres d’actions et de menaces?, poursuit, en toussotant, le Sergent

-Elle m’a confiée qu’il l’obligeait à la vente de drogues, au proxénétisme et à recourir à l’avortement si elle se retrouvait enceinte.

-Oh! Oui monsieur Valence c’est du sérieux ça. Vous faites bien d’être ici. Pour m’aider moi, qu’est-ce qui a motivé votre soeur à fuir hors région?

-C’est la phrase qui lui a dite quand elle lui a dit qu’elle voulait cessé tout ces trucs là

-Et…. Quelle était cette phrase? demande le Sergent avec la gorge sèche, car il devine déjà

“C’est pas compliqué ma chérie, si tu ne fais pas ce que je dis tu en verras les conséquences, tu le sais pourtant, je t’ai bien appris les règles”

Le Sergent Lecompte a de plus en plus de difficulté à garder son sang froid, de neutralité à ces confidences…il boit un grand verre d’eau et ose

-Et vous connaissez le nom de son nouveau partenaire?

-Euh! Non, mis à part qu’elle me disait qu’il était Sergent détective. Elle l’appelait plutôt “mon nouveau chum” , et d’autres sobriquets amoureux. Ça fait à peine 8 mois qu’ils se connaissent et moi, un policier dans la famille j’étais pas trop chaud à l’idée, alors j’attendais de voir.

Mais là, avant-hier quand elle m’a appelé et m’a dit tout cela, je voulais juste aller lui faire payer son bill à ce mec là, ma p’tite soeur, vous comprenez, on y touche pas c’est y clair ça?

Mais elle ma fait juré de venir vous voir ici à ce poste, quelqu’un lui a dit de me dire cela avant de faire l’irréparable, alors je suis ici par promesse pour elle, ma Julie, mais je vous le dis là, si vous ne faites rien, moi je vais le faire à votre place, quitte à passer ma vie en prison mais elle, elle vivra….

pas comme les autres femmes que personne n’a pris les rennes en main pour les protéger et arrêter le détraqué… pas juste à la police à s’en remettre, on est des hommes nous aussi, on est là pour elles.

-Monsieur Valence, je vous crois et je vais….

Sonnerie du téléphone avec mention “URGENT”

-Excusez….une urgence

-Oui, allo?

-Sergent Lecompte, une intervenante d’une maison d’hébergement pour femmes de la Beauce vient de me contacter. Elle a été mise en contact avec moi par Maureen Mackenzie, la mère de la défunte Fiona. La femme qu’elle héberge est la copine du Sergent détective Prévost et…

-Inspecteur, son frère est dans mon bureau et m’a tout raconté…..je l’assure que nous sommes avec lui et sa soeur et, en regardant Claudio dans les yeux, le remercie que des hommes comme lui agissent pour protéger et faire front pour contrer la violence et les féminicides…