Peu importe l’endroit où tu te trouves dans le monde, les nouvelles provenant de CNN internationale sont à la portée de tous. Cette chaîne se targue de couvrir des faits et des nouvelles affichants un sensationnalisme exacerbé et recherché. Pas surprenant qu’on fasse grand bruit de l’histoire d’une personnalité du Canada ayant commis des infractions d’une gravité particulièrement répréhensible et pouvant être jugé selon le système pénal émirati.

Marc, le nouveau copain d’Hélène, un fier américain était un adepte de CNN et sitôt levé, il ouvrait la télé pour se mettre à jour sur l’actualité mondiale. Ce matin-là, Hélène était entrée dans la pièce au moment où le reporter annonçait pour une énième fois l’arrestation de son conjoint. En entendant cela, les genoux lui manquèrent et dans sa chute elle percuta le coin d’une table et se fendit le crâne. Marc se précipita aussitôt à son chevet et fut consterné en voyant sous sa tête la mare de sang qui grossissait à vue d’œil. Sans perdre une seconde, Marc signala le numéro attitré pour appeler les secours d’urgence.

Il faisait maintenant les cent pas dans une salle d’attente de l’hôpital depuis bientôt quatre heures sans trop réaliser ce qui lui arrivait, il vivait un cauchemar, il était inquiet et nerveux.

Quand le médecin le rejoignit, il pressentit que les nouvelles n’étaient pas bonnes.

Il avait déjà rencontré le fils d’Hélène et heureusement il possédait sa carte d’affaire dans un tiroir de son bureau. Il prit donc son courage à deux mains pour l'appeler et lui apprendre que sa mère était dans le coma et que les médecins ne pouvaient pas se prononcer sur les chances qu’elle avait de s’en sortir. Même en prenant toutes les dispositions pour annoncer du mieux qu’il pouvait cette affreuse nouvelle, Marc dut s’avouer qu’il avait raté son coup d’après la crise que l’autre lui fit vivre au bout du fil.

La famille Vadeboncoeur pataugeait maintenant dans un marasme sans commune mesure avec leur vie d’avant. La nouvelle concernant l’accident survenu à leur mère les avait plongés encore plus profondément dans leur désespoir. Ils se réunirent sur ‘team’ à quelques reprises pour partager la souffrance qu’ils vivaient tous et ces rencontres leur ont permis de se ressaisir et de leur procurer le ‘’jus 'nécessaire pour faire face à ce qui les attendait. Henri irait à New York pour s’occuper de leur mère et trouver le meilleur médecin de cette ville et les filles feraient le maximum pour leur père et dénicheraient l’avocat idéal pour aller plaider sa cause là-bas. Ils se communiqueraient toutes nouvelles informations susceptibles de faire progresser l’histoire. Il avait été question au départ que Marylène se rende à Dubaï, mais cela leur avait été fortement déconseillé, elle risquait même l’emprisonnement.

Les nouvelles provenant de Dubaï arrivaient au compte-goutte et par l’intermédiaire de CNN. La question revenait sans cesse à savoir si l’entrepreneur canadien serait jugé selon la loi islamique (Sharia) ou si l’infraction qui a été commise serait considérée selon la procédure du droit commun. (Possibilité pour les non-résidents).

Le temps passait irrémédiablement et rien ne bougeait, l’avocat sur place était rassurant mais sans plus. Il avait réussi à voir leur père qui apparemment était au désespoir et très honteux : il avait transmis aux siens ses regrets et leur demandait de lui pardonner. Les enfants entendirent mais ils étaient très loin d’en être là.

Lorsque qu'après trois mois, ils apprirent par l'entremise de leur avocat que la famille des victimes avait le droit de choisir entre faire châtier le coupable en réclamant la peine de mort ou opter pour une compensation financière, ils reprirent espoir pour leur père.

Leur avocat leur communiqua ce qui semblait être un jugement : Les plaignants demandent que la personne soit punie d’une peine d’emprisonnement et que les victimes soient indemnisées. Neuf ans d’emprisonnement et une amande de 45 000$ à chacun des 150 employés concernés par cette accusation.

Toutes les accusations à l’encontre de leur père se réglèrent finalement après un an d’acharnement de la part de l’avocat de la famille et des relations familiales auprès du consulat canadien à Dubai . Le consulat délégua trois personnes pour s’occuper du dossier à temps plein et il en résultat pour Monsieur Vadeboncoeur une peine de trois ans d’emprisonnement et une amende de 15,000$ pour chacun des 150 employés concernés.

C’est ainsi que se termine l’histoire d’une famille qui n’a toujours pas réussi à pardonner au coupable qui n’est plus que le reflet de lui-même; il souffre énormément de la mort de sa conjointe en plus de vivre avec la honte et les remords.