Dans le bureau du directeur de la centrale, une réunion a lieu. Le directeur du réacteur NRX, Gary, trace un portrait à jour de ce qu’il a pu observer de Raymond depuis son arrivée à Chalk River. Caroline participe à la réunion en partageant ses observations personnelles sur le jeune homme et le directeur des laboratoires commence a s’enthousiasmer du fait qu’ils ont peut être trouvé en Raymond un futur collaborateur d’équipe.

« Depuis qu’il a commis son erreur au sujet de la valve il est irréprochable. Plus que cela même, il fait parfois du zèle. Il a étudié le passé de la centrale en même temps qu’il passait des heures à étudier le fonctionnement du réacteur et dans ce sens, je crois qu’il est au courant maintenant des accidents de «’52 et’58 ». Un seul geste de trop ou mal exécuté et c’est la catastrophe. Il connaît le poids d’une telle erreur, ce qui lui permet d’être alerte lorsqu’il est en poste.

Je conclus en disant qu’il faudrait l’approcher directement pour lui proposer un poste. Si vous agissez avec lui comme vous l’avez fait avec moi, je crains que cela ne fonctionne pas. Il est jeune et n’a pas terminé ses études donc lui offrir un poste permanent avec formation payée n’entre peut être pas dans ses projets de vie.

Il est ici, en gros, pour faire de l’argent et s’amuser. En ce moment, il fait très bien les deux. »

Raymond voulu ajouter quelque chose mais il se retint. Le silence du directeur de la centrale qui regardait le directeur des laboratoires une étincelles dans le regard parlait par lui même. Le directeur des labos cherchait un candidat pour un poste délicat, il « voulait » que ce soit Raymond qui prenne le poste parce qu’il était impatient. Le directeur de la centrale mit fin à la réunion en exprimant son désir de parler directement avec le jeune prospect. L’atmosphère se détendit et tout le monde sorti retrouver ses activités professionnelles.

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Susan est anxieuse et se sent seule. Elle a demandée à travailler de soir, sur le même horaire que Tony et Raymond mais les postes étaient déjà attribués. Elle se sent isolée depuis les dernières activités de groupe, elle ne pense qu’à ces autres étudiants qui comme elle, sont ici pour l’argent et le plaisir. Le site est magnifique, les activités sportives sont nombreuses, les gens sympathique mais le temps passe si vite, si rapidement, elle se morfond dans une torpeur d’ennui alors qu’il suffirait qu’elle sorte de la bibliothèque pour aller rejoindre tel ou tel groupe de jeunes. Elle songe peut être un peu trop à lui.

Tony et sa blonde Sacha sont sympathiques. Quand ils sont ensembles on ressent un fort lien amoureux entre eux. Elle, hippie sur les bords, porte des robes aux motifs indiens bariolés. Elle rayonne comme une femme heureuse d’être enceinte mais elle ne l’est pas. Elle porte du parfum hippie, du patchouli et une foule de colliers et de bracelets. Même quand Sacha n’est pas dans la voiture, la Trans Am sent le patchouli. Haha, aussi bien en rire. Sacha n’est pas étudiante et ne travaille pas à Chalk River, elle accompagne son « chum », le chanceux. Et Tony le sait qu’il est chanceux. Il s’éloigne du village à une vitesse pas possible. Raymond, Bob, Sacha et Tony s’en vont faire une virée à Ottawa.

D’un autre côté, une belle bande s’est formée autour de Caroline, la permanente qui est sûrement la plus jeune employée du complexe nucléaire au complet. Elle a 21 ans, en a l’air de 17, elle est dynamique et joueuse. Elle s’ennuie tellement l’hiver du manque de partenaires que l’été, quand les étudiants d’été sont là elle se vautre littéralement parmi eux. Elle organise des sorties dans les bois, sur les sentiers d’hébertismes, en canots partout à l’extérieur ou il y a quelques choses à faire. Là il pleut, on est samedi et il reste les gymnases, la piscine. Caro a tentée de rejoindre Tony, il a le téléphone mais elle ne l’a pas rejoint. Elle a laissée un message sur le répondeur de Tony comme quoi la bande se réunissait pour un match amical de basketball au gym. Si l’envie lui prends de venir les y rejoindre tous les joueurs sont bienvenus.

Raymond est loin de tout ça. À Ottawa, la bonde de Tony (Sacha) a proposé d’aller voir un film au cinéma avant de revenir au complexe et tout le monde s’est mit d’accord d’aller voir la grande nouveauté de l’été : « Le Retour du Jedi. »

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Au même instant, dans son grand bureau d’angle, le directeur du complexe termine la lecture d’un rapport sur les accidents nucléaires qui ont eu lieu à Chalk River avant son arrivée. Le journal titre, comme pour dire que le Canada a déjà été au centre du monde :

Le premier grave accident nucléaire au monde a eu lieu en Ontario en 1952, suivi d’un second incident en 1958. Et c’est ici que les drames se sont déroulés, à Chalk River. Raymond qui a étudié l’Histoire de la centrale, juste après son incident à son arrivé, doit être au courant maintenant que nous « jouons » avec du lourd, du dangereusement mortel. C’est probablement ça la raison de son attitude hautement sécuritaire et responsable qu’il adopte depuis. C’est cela qui le fait sortir du lot pour le directeur. Attitude calme, responsable, connaissance du réel enjeux et maturité face au danger. Le nucléaire on ne le voit pas, mais il est bien pire qu’un incendie lorsque nous en perdons le contrôle. En plus il est invisible.

Le directeur se demande s’il serait bien pour son projet de mettre à contribution Caroline qui séduirait Raymond pour faire du poids lorsqu’il demanderait au jeune homme de devenir un employé à temps pleins, formé à même par les scientifiques de la centrale.

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Le film a plu à tout le monde, pourtant, Raymond est mal à l’aise. Depuis qu’il travaille de nuit il ne voit presque plus les autres jeunes qui se sont joints à lui les premiers jours de son arrivé. Oui il fait un petit bonus de salaire pour travailler la nuit, mais il se demande si il ne devrait pas revenir à un horaire de jour. Durant sa réflexion, il ne s’est pas aperçu qu’un lourd silence s’était installé dans la Trans Am. Ce fut le contact de la main de Susan sur la sienne qui lui fit prendre conscience de son environnement. Cette main de femme le rendit mal à l’aise. En même temps, c’était un geste chaleureux qu’il faillit confondre avec une demande en mariage. Haha, lui et son imagination. Il sentait la main de Susan sur la sienne et voyait le visage de Caroline dans sa tête. L’amour est sourd et aveugle disait on.

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Au gymnase, la pluie du dehors ne dérangeait personne. Les équipes n’étaient pas complètes mais on jouait quand même au basket. Caroline essayait de garder son équipe gagnante mais n’y parvenait pas facilement. Elle en subissait un contrecoup désagréable. Si elle avait voulu philosopher un peu elle aurait certainement prise conscience qu’elle détestait perdre, même en « jouant ». Par, qui était dans son équipe, lui servait des ballons rapides pour en rajouter. Il s’amusait à la déstabiliser. Bob en était conscient et il jouait le rôle du défenseur offensé. Trop drôle. Bob nourrissait de plus en plus ouvertement des sentiments envers Caroline. Pour lui, elle était le sommet de la crème ici. S’il était moins gêné il aurait fait les premiers pas depuis quelques jours déjà mais bon, il y allait à sa manière et elle le satisfaisait. Caroline retournait à Par des ballons pour qu’il puisse pointer, il était fort. Bob était sous l’envoutement de Caro, cette fille était incroyable et magnifique à voir jouer. Un point de plus et c’était l’égalité. Pour quelques joueurs, le plaisir avait été remplacé par l’orgueil de la victoire. Bob fit une passe rapide et basse à Caroline qui frappa violemment le ballon dans un coin délaissé par l’équipe adverse et Par réagit rapidement pour compter deux point. On criait, on riait, Bob accrocha le regard de Caroline qui ressentit et absorba l’information : ce mec était en amour avec elle. Oh!

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Le noyau d’amis-es s’était rassemblé à la grande cafétéria car elle était déserte en ce moment. Pour avoir marqué le point vainqueur, Par et Caro s’était assis l’un à côté de l’autre. Bob se tenait devant Caroline, sans se cacher de ce qu’elle lui plaisait. On demanda ou pouvait bien se trouver Raymond, Tony et Susan. Un message avait été laissé sur la bande magnétique du tout nouveau répondeur de Tony. Ce gars aimait les dernières technologies. Caroline informa le groupe que Tony était en couple et qu’il vivait avec Sacha. Elle, ne travaillait pas au centre nucléaire, elle était plutôt serveuse dans un pub de Deep River. C’est peut être là qu’ils étaient? On ne poussa pas plus loin l’idée, les jeunes s’entendirent pour se rejoindre en début de soirée. Le temps d’aller se doucher et de prendre une bouchée était arrivé. Celles et ceux qui avaient de voitures donnèrent des lifts aux autres et tout le monde retourna au village de Deep River.