Une bouffée de chaleur l’inonda, en un instant le monde lui parut plus lumineux, elle sentit une légèreté l’envahir, cela ne pouvait être que ça…

—Je suis tombée amoureuse.

Mais chose encore plus extraordinaire, elle sentait que c’était réciproque. Comment pouvait-il en être autrement, la façon dont il la regardait, la traitait en voulant la protéger, et ce, presqu’à l’excès. De plus est, venir se blottir tout près d’elle sans rien faire, que de vouloir sentir la chaleur de son corps et très certainement s’enivrer de son odeur. Elle était au bout du monde et, serait-ce le paradis !!

—Je me sens des ailes, se disait-elle. Ce n’est pas tout, mais il y a la réalité et j’ai des choses à faire…

Le jeu, très inspirant pour elle, « The Spy who loved me » n’est peut-être pas celui qui attirerait un maximum de joueurs. Elle continua donc sa visite. Plus loin, elle trouva plusieurs autres jeux qui certainement intéresseraient une clientèle à large public. Elle prit en note ses observations sur l’âge, l’habillement, etc., des promoteurs, de la clientèle et l’engouement à vouloir essayer les différents jeux sur place et aussi à l’achalandage du kiosque. Après quelques heures à avoir fait le tour, elle appela les autres.

—Messieurs, vous m’entendez ? Un oui, puis un autre oui arriva presqu’aussitôt.

—De combien de prospects avons-nous besoin, car je pense en avoir trois ou quatre ?

—Moi j’en ai trois probables, un qui n’a rien donné, je regarde les deux autres. Lança Bounty.

Comme Adrien ne répondait pas, Adélaïde l’interpella

—Et toi Adrien ?

—Je pense en avoir aussi, mais comme je ne suis pas fana de ces jeux, je vous les proposerai et vous jugerez. Si on veut maximiser nos chances de succès, je crois que cinq jeux seront plus que suffisants. Retrouvons-nous au café qui était près de l’entrée, on pourra faire un premier constat de nos trouvailles. Disons dans une dizaine de minutes, le temps d’éviter de donner l’impression de quitter la convention de façon trop évidente.

Chacun continua de se promener dans les allées, mais s’approchant tranquillement de la sortie. Bounty ferma son portable et quitta son petit coin derrière un kiosque qui n’avait pas été loué. Adélaïde arriva la première au café. Elle hésita à y entrer se disant que si les autres n’y étaient pas encore c’est qu’elle avait été trop vite.

—Au diable, se dit-elle. Je ne suis tout même pas une espionne de profession!

Quelques minutes plus tard, les autres firent leur entrée et vinrent la rejoindre. Bounty demanda si quelqu’un voulait quelque chose, café, thé, collation ? Adelaïde demanda à avoir un café, américain. Adrien fit la moue sans s’en apercevoir et commanda un allongé. Après un moment passé au comptoir, Bounty revint avec le tout.

—Bon voyons ce que nous avons trouvé et qui pourrait être alléchant pour nos mafieux, dit Adrien.

Ils échangèrent en donnant les pours et les contres de chaque prospect et après une demi-heure de discussion, ils s’entendirent sur quatre dont trois étaient d’Adélaïde et un de Bounty. Adrien ne sembla pas du tout offusqué qu’aucun de ses choix ne fut accepté, mais il prit dès lors le contrôle de la suite et enchaina.

—Je vais envoyer les coordonnées des compagnies produisant les jeux que nous avons sélectionnés à mon équipe pour qu’ils puissent commencer leurs recherches sur les propriétaires de ces compagnies et voir leur vulnérabilité financière. Pour vous Bounty, avez-vous tout le matériel nécessaire pour tenter de vous introduire dans leurs systèmes et trouver s’ils ont déjà été « hacké » ? Bounty répondit d’un ton un peu agacé.

—J’ai toujours avec moi mes outils de base et si vous ne l’avez pas entendu, j’en ai déjà vérifié un…

—Désolé, veuillez me pardonner. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il est presque 14 h et la faim me tiraille. Je vous propose un lunch dans un restaurant que j’ai vu avant d’arriver ici, cela nous permettra de nous détendre un peu et de voir la suite, qu’en dites-vous ?

—Vous nous invitez, c’est très gentil de la part d’Interpol, j’accepte.

Adélaïde ne put réprimer un sourire devant la surprise d’Adrien, mais celui-ci fit immédiatement un signe d’approbation, voulant conserver le leadership. Ils récupérèrent les bagages à la consigne et se dirigèrent vers le restaurant.

Après un lunch, quelque peu copieux et avoir jasé de tout et de rien, Adrien expliqua qu’il avait fait réserver une suite avec une pièce de travail attenante où tous pourraient y travailler confortablement. Du matériel de haute technologie les attendait. Bounty remercia Adrien pour le lunch, se leva et alla tirer la chaise d’Adelaïde. Adrien fit semblant de ne rien voir et se dirigea directement vers la serveuse pour régler l’addition. Pendant qu’elle entrait la facture sur la caisse du restaurant, il les vit qui discutaient sur le trottoir, un certain malaise l’envahit. Il sortit les rejoindre et appela sans les regarder un taxi.

—Bounty, vous pouvez embarquer avec nous à l’avant si vous voulez ?

—Très gentil de votre part, merci.

Adrien ouvrit la portière à Adelaïde, tous deux s’installèrent sur la banquette et il prit son téléphone et appela pour vérifier si tout l’équipement était arrivé, fonctionnel et confirma qu’une partie de l’équipe était déjà au travail. Il ajouta.

—Nous devrions être là dans une quinzaine, et coupa la communication.

—Ho, dit Bounty, tu as appelé la cavalerie.

Adrien n’en fit de cas.

—Tous ensembles, nous allons être un groupe très performant, chacun avec ses expertises et ses qualifications et je suis certain que nous allons réussir à les battre sur leur propre terrain.

Le reste du trajet se passa sans autre conversation que Bounty jasant avec le chauffeur avec un accent assez difficile à comprendre pour des francophones. Arrivés à l’hôtel, Adrien leur expliqua que les réservations étaient déjà faites dans le but de sauver du temps, que les bagages étaient rendus dans leur chambre respective.

—Vous avez juste à donner votre nom et on vous remettra votre clé. On se retrouve dans une trentaine de minutes à la suite 1 010 qui se trouve au dixième étage, le temps de défaire nos valises et de se rafraichir. C’est parfait ?

Lorsqu’Adelaïde cogna à la porte de la suite, la porte s’ouvrit presque automatiquement. Elle entra et fut surprise par tout le matériel qui s’y trouvait. Bounty était déjà assis dans un coin à pianoter sur son portable. Adrien tant qu’à lui semblait diriger, coordonner le personnel. Lorsqu’il vit Adelaïde, il donna une dernière directive et se dirigea vers elle.

—En forme, prête à l’attaque ?

—Oui, tout à fait, que dois-je faire ?

—Peut-être donner un cours sur les points importants d’un jeu, où on pourrait introduire des cheval de Troie à mon équipe et aussi à Bounty et ensuite répondre aux questions au fur et à mesure que nous avancerons dans les codes des jeux.

—Je ne suis vraiment habituée à faire des présentations, mais bon quand il faut…

Explications faites, tous se mirent au travail. Adelaïde allait d’un de membres de l’équipe à l’autre répondant aux questions posées. Adrien était à valider certains points avec l’équipe de Paris lorsque tout à coup Bounty s’exclama.

—Je viens de trouver un jeu « hacké », un de ceux qu’Adelaïde nous a donnés.

—Super, dit Adrien, on va pouvoir mettre toute l’équipe sur ce premier cas. Vous en reste-t-il à valider ?

—Oui les deux derniers d’Adelaïde.

—Parfait, on a donc encore deux prospects possibles.

Après avoir ingurgité du Mc Do pour le dîner, Bounty avait trouvé un autre jeu « hacké » sur les deux restants. À la fin de la soirée vers 23 h, tout était en place, cheval de Troie et même qu’il y avait eu un début de retraçage vers la source probable des mafieux.

—Je tiens à vous dire merci, le piège est en place, il nous reste qu’à être patient, il va se refermer sur eux et nous les aurons, nous les aurons tous. Maintenant, c’est l’heure du repos mérité, bonne nuit et dormez bien, je vous veux frais et dispos demain 7 h « sharp ».

Tous se levèrent, la porte de la suite s’ouvrit tous, même Bounty se dirigèrent vers l’ascenseur. Adelaïde resta comme occupée à quelque chose sur son ordinateur. Adrien se dirigea vers elle.

—Laisse tout ça là, tu finiras ça demain.

—Ha oui, oui.

—Tu n’es pas fatiguée ?

—Ça dépend.

Adrien sentit ses jambes faiblir, que voulait donc dire cette réponse, serait-ce une invitation ?